Centrafrique: la modification de la Constitution s’invite dans les débats du dialogue républicain

Samedi 26 mars, s’ouvre le dernier jour des débats du dialogue républicain, censé mettre un terme à la crise qui secoue la Centrafrique depuis plusieurs décennies. Ce vendredi, les débats ont porté sur la « bonne gouvernance et l’État de droit », mais la question d’une possible révision constitutionnelle a aussi été abordée.

C’était la plénière que tous attendaient : la commission « bonne gouvernance » recommande une révision partielle de la Constitution, au motif qu’elle a été adoptée sous un régime de transition. Héritier Doneng, président du Front républicain et directeur de cabinet du ministère de la Jeunesse et des Sports, explique que « la loi ne dispose que de l'avenir ». « Aujourd'hui, on ne fait que parler de la transition. Du coup, cet article ne cadre plus au contexte du pays », ajoute-t-il.
Une révision de la Constitution pourrait aussi ouvrir la porte à une nouvelle candidature du président Faustin-Archange Touadéra. Cette éventualité ferait l'objet d'un référendum si elle devait voir le jour, répond Héritier Doneng. « C'est au peuple de décider », insiste-t-il.
Fidèle Guandjika, ministre conseiller spécial à la présidence, y est favorable : « Je suis pour l'amélioration de cette Constitution qui nous a été imposée par les armes pendant la Transition. S'il y a un référendum et qu'une nouvelle Constitution est votée et promulguée, alors les compteurs seront remis à zéro, parce que la loi n'est pas rétroactive. Donc tout Centrafricain peut se présenter à la magistrature suprême de l'État. »

« Ce dialogue n'est pas qualifié pour décider la modification de la Constitution »

La recommandation de la commission fait bondir la société civile, qui menace de se retirer du dialogue. Me Bruno Hyacuinthe Gbiegba, militant des droits de l’Homme, y voit une volonté du président Touadéra de se maintenir au pouvoir : « Il trouve des justifications pour rester au pouvoir indéfiniment. C'est très maladroit. Je lui dirais de rester son engagement et la loi fondamentale, à savoir deux mandats et un départ. Parce que nul n'est irremplaçable. »
Gervais Lakosso, de la société civile, menace de claquer la porte si cette recommandation est adoptée : « Ils ne l'obtiendront jamais par la voie légale. C'est constitutionnellement verrouillé ! Ce dialogue n'est pas qualifié pour décider la modification de la Constitution. Toute idée de troisième mandat est d'office une violation de la Constitution. C'est verrouillé par l'article 153. »
Les échanges sont houleux à l'Assemblée nationale. Le présidium se retire, puis revient pour annoncer que le dialogue n’est pas compétent sur le sujet. Il renvoie la question au président de la République et à l’Assemblée nationale.
Le dialogue républicain censé mettre un terme à la crise qui secoue la Centrafrique, se déroule sans les groupes armés, dont les principaux leaders sont exilés au Tchad, ni les poids lourds de l’opposition, qui ont choisi le boycott.
RFI

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