Confessions d’un manifestant

Suite aux manifestations de l’opposition de ce 27 septembre, notre rédaction s’est entretenue avec un des manifestants. Dioumessy est le nom que nous donnerons à ce jeune de 37 ans qui, après avoir vécu en occident, est depuis deux ans de retour dans son pays. Transfuge du RPG (Parti au pouvoir), il était ce 27 septembre au nombre d’un groupe d’environ 200 manifestants de la commune de Kaloum. Interpellé par les forces de l’ordre et détenu pendant de longues heures dans un commissariat du quartier Cameroun, il affirme n’avoir pas été brutalisé, même s’il confie avoir recouvré la liberté après avoir déboursé une somme conséquente. Une perspective qui n’est pas offerte à tout le monde, selon lui. « Nous avons commencé par le Boulevard Diallo Telli », commence notre interlocuteur. Avant d’ajouter qu’arrivé à hauteur de l’immeuble Le Makity, dans le quartier Manquepas, son groupe de manifestants a été informé de la venue, dans le sens inverse, du gouverneur de la ville de Conakry, le commandant Sékou Resco Camara, escorté par des forces de l’ordre« Nous avons commencé par le Boulevard Diallo Telli », commence notre interlocuteur. Avant d’ajouter qu’arrivé à hauteur de l’immeuble Le Makity, dans le quartier Manquepas, son groupe de manifestants a été informé de la venue, dans le sens inverse, du gouverneur de la ville de Conakry, le commandant Sékou Resco Camara, escorté par des forces de l’ordre. Craignant alors de subir la foudre du gouverneur, les manifestants auraient décidé, selon Dioumessy, de se fondre dans la population. « Et quand le gouverneur est passé, estimant qu’il était trop risqué de continuer à pieds jusqu’au stade, nous avons décidé d’emprunter des minibus ».


C’est ensuite qu’un premier groupe entassé dans trois magbanas ont pris la route du Stade du 28, en évitant bien entendu la route de Donka au profit de l’autoroute Fidel Castro. Arrivés au niveau de la station de la SIG-Madina, les manifestants sortent des trois véhicules et traversent les rails pour se retrouver dans l’enceinte de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. D’où, ils envisagent alors rejoindre le point de ralliement de la Terrasse du stade du 28 septembre. A leur grande déception, ils y trouvent en face, un secteur quadrillé par un impressionnant dispositif sécuritaire. Après les premières échauffourées, Dioumessy a été arrêté et conduit dans un commissariat du quartier Cameroun à 11 h 35. Il n’en sortira qu’à 16 h 50.


Interrogé sur la réussite de la manifestation, il ne veut surtout pas entendre dire que celle-ci a été un échec. « On ne peut pas dire que ça n’a pas réussi, dans la mesure où l’objectif était de faire passer un message destiné à révéler à la communauté nationale et internationale, la véritable identité de ce régime » dit-il. D’un point de vue concret, il se vante même de la paralysie de l’administration et plus globalement des activités dans la capitale guinéenne en cette journée. Ceci étant, il n’exclut pas des problèmes d’organisation dont auraient souffert les manifestations.


En ce qui concerne les raisons qui l’auraient poussé à sortir, Dioumessy se dit déçu par celui pour lequel il aurait voté en novembre dernier, parce qu’ « il gouverne par exclusion et qu’il est manifestement sur la voie d’instaurer un régime répressif et dictatorial ». Du système du régime actuel, Dioumessy dénonce également des choix et des nominations fondés sur l’appartenance ethnique et régionale.


Quant à savoir s’il existe un espoir pour que les choses puissent s’améliorer, Dioumessy est, on ne peut plus pessimiste : « J’aimerais bien que ça change, mais je n’y crois pas avec ce régime ». A moins, tempère-t-il : « Que la communauté internationale ne s’y implique de nouveau ».

Source: GuineeConakry.Info



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