Certains membres de la CENI adressent une lettre ouverte au Bureau Excécutif de leur institution.

A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA CENI

CONAKRY

A L'ATTENTION DU BUREAU EXECUTIF
Objet : Dénonciations de certains actes posés par le Bureau
Monsieur le Président,
La fragilité des Institutions de notre pays et les gerçures profondes causées à notre tissu social à l'occasion de l'élection présidentielle 2010, commandent aujourd'hui que tous les actes posés ou à poser par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) contribuent au raffermissement de la cohésion nationale, et fassent l'objet d'un consensus tant au sein de la CENI, qu'à l'extérieur avec les divers acteurs du processus électoral.
Ceci devait être le leitmotiv de notre combat, nous qui avons la charge d'organiser toutes les élections politiques et référendaires en République de Guinée.
Malheureusement, depuis que nous avons démocratiquement élu notre Président, le Bureau exécutif de la CENI a hypothéqué les prérogatives de la plénière et décide seulde poser les actes qu'il veut dans les conditions qu'il veut, au mépris de toute position contraire ou suggestion constructive.
Les situations de fait ci-dessous énumérées rendent compte éloquemment de cette gestion opaque des affaires de la CENI par le Bureau :
1. C'est par les ondes de la RTG que nous membres de la CENI, signataires de la présente lettre avons appris (i) le recrutement de 4000 agents techniques pour la Révision des listes électorales, objet d'un communiqué conjoint CENI/MATD (ii) le lancement officiel, à l'Université de Conakry, de la session de formation des superviseurs et maintenanciers par la Société SABARI Technologie qui, aux dires du Président de la CENI et même du Ministre de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation, n'aurait de contrat ni avec la CENI ni avec le Gouvernement.Nous avons accepté d'accompagner les deux activités pour préserver la CENI des turbulences qu'elle a traversées par le passé.


2. Puis c'est par la même RTG que nous avons appris le démarrage de la session. de formation des opérateurs de saisie par la même société SABARI Technologie et sur les kits de Waymark, malgré l'aveu fait à la CEN par le représentant de ladite Société lors de la réunion du Bureau élargie aux chefs de départements le 19 août 2011 : (i) de son indisponibilité à faire la Révision des listes électorales; (ii) sur le paramétrage de ses kits pour une reprise intégrale du recensement pour des raisons qu'il avait longuement évoquées mais qui ne sont pas utiles pour les besoins de la présente. Malgré la non implication du Département formation dont c'est la mission fondatrice et les prérogatives essentielles,Nous avons encore accepté d'accompagner le Bureau pour les mêmes raisons évoquées plus haut.


3. C'est par une Décision signée du Président de la CENI (dont certains membres ont eu copie avec des personnes extérieures à la CENI), que nous avons appris que le démarrage de la Révision des listes élect6rales est fixé au 5 octobre 2011 sur toute l'étendue du territoire national.


4. C'est par voie de Presse que certains membres de la CENI, en mission conjointe CENI/MATD à l'intérieur du pays, ont appris que les élections législatives auront lieu le 29 décembre 2011.


5. la validation par la plénière des Termes de Référence pour l'organisation d'un Atelier stratégique autour de la Révision des Listes électorales, atelier qui aurait permis de réunir autour de la même table l'ensemble des acteurs et donc de décrisper le climat politique, le Bureau a passé outre sa réalisation pour engager la CENI dans un programmede « Révision »qui nous livre aujourd'hui à la vindicte populaire.


6. Les recommandations de l'Atelier de Kindia tenu en mars 2011 à l'effet d'évaluer l'élection présidentielle passée, recommandations dont certaines étaient relatives au fichier électoral, prévoyaient un audit du fichier existant avant toute entreprise de Révision des listes électorales.Celles-ci ont été purement et simplement ignorées, dans la volonté délibérée du Bureau de nous engager dans un processus de recensement intégral aussi inutile que coûteux qui ne dit pas son nomet qui continue hélas encore aujourd'hui, de diviser la classe politique nationale.


7. En ce qui concerne la Décision N° 0037/CENI/CAB/2011 portant fixation des dates d'ouverture et de clôture de la période de révision à titre exceptionnel du fichier électoral, en dépit de sa non discussion en plénière, (ce qui aurait dû conduire le Président à la rapporter purement et simplement), elle nous engage clansun Recensement électoral intégral et non pas à une Révision du Fichier comme l'a réa firmé le Chef de l'Etat lui-même. De ce fait, elle constitue une violation grave des instructions du Président de la République et des dispositions de l'Article 19 du Code Electoral. En effet, l'alinéa 5 de l'Article 2 de ladite Décision stipule « A titre facultatif, la confirmation par toute personne inscrite n'appartenant à aucune des catégories précitées, de l'exactitude des renseignements la concernant i>. Cét alinéa à lui seul renvoie à une curieuse alternative : ou les renseignements de toutes les personnes inscrites sont transférés dans les kits de Waymzrk, ou alors la CENI, est train, subtilement, d'exclure tout citoyen qui ne se présenterait pas devant une CARLE, du processus électoral. Dans l'un et l'autre des cas, des préoccupations fortes demeurent.


Primo, si les données du fichier (alphanumériques et/ou biométriques) sont transférées dans les kits de Waymark pour permettre une quelconque vérification des renseignements individuels des électeurs (on ne sait ni comment, ni quand, ni par qui), il y a là une violation grave de l'intégrité du fichier en l'absence des partis prenantes au processus électoral et des membres de la CENI et surtout sa mise à la disposition d'une Société qui n'a aucun contrat avec la CENI. Inutile de rappeler qu'un tel acte est répréhensible et donc passible de poursuite pénale pour manipulation délibérée du fichier électoral.


Secundo, si par contre le fichier SAGEM n'est. pas transférable dans les kits de Waymark comme le Bureau le défend, alors il n'est pas possible de vérifier les données annoncées et l'alinéa 5 de l'article 2 mérité d'être supprimé. Dans ce cas, la Décision nous engage sans équivoque dans un nouveau Recensement générai en violation flagrante et délibérée de tous les textes légaux. L'article 4 de la Décision le stipule si bien citation : « les personnes qui seront inscrites ainsi que celles dont la réinscription aura été effectuée à l'occasion de la Révision programmée du fichier électoral seront, à l'issue de l'opération, dotées de cartes d'électeurs et de cartes d'identité nationale, pièces indispensables à l'accomplissement de tous leurs actes de citoyenneté »fin de citation.


Cet article montre que le Bureau de la CENI a définitivement opté pour une exclusion systématique de la liste des citoyens guinéens plus de 3.800.000 électeurs détenteurs de cartes biométriques s'ils choisissaient librement, en vertu de l'alinéa 5 de l'article 2 de la Décision du Président, de ne pas repasser devant une, Commission administrative pour se faire reconnaitre et/ou recenser. Ceux-ci n'auront ainsi ni nouvelle carte d'électeurs, ni carte d'identité et ne pourront donc nullement exercer leur droit civique. Le Bureau de la CENI se donne t-il le droit d'oc.i.:roYer ou de retirer la citoyenneté à un guinéen ?


Nous ne perdrons pas le temps à demander au Bureau de rapporter cette Décision py.i,squ'il nous a déjà été opposé une fin de non-recevoir au prétexte, comme la première fois, que l'acte est déjà signé et que le Bureau ne peut pas revenir sur sa décision.


8. Quant au Budget des Législatives, à la date d'aujourd'hui, aucun Département de la CENI, aucun membre de la CENI, n'est capable de dire avec exactitude, combien nous coûteront ces élections et quel est le montant alloué au fonctionnement de la CENI. Cette gestion se fait dans la plus grande opacité.


Monsieur le Président,


La CENI est un Organe de gestion électoral qu'ensemble nous avons contribué à bâtir, pierre après pierre, pour lui donner le clinquant et le contenu d'une véritable ,institution de la République.


Ceci a été rendu possible grâce à l'unité d'action de ses membres, au partage des informations et responsabilités au consensus qui a prévalu à toutes les étapes de son évolution.

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