Guinée : les activités économiques confrontées à la monopolisation

CONAKRY - Les activités économiques en Guinée souffrent d'une grande entorse par le fait d'une monopolisation abusive dans la quasi-totalité des secteurs de production, rendant le dumping et le protectionnisme manifeste.
Le 25 octobre dernier, un communiqué conjoint du ministère du Commerce et de la Sécurité interdisait les importations des denrées alimentaires non produites par les Etats de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) venant des pays limitrophes tout en interdisant les exportations de ces mêmes produits vers ces pays.

Si l'on peut comprendre l'interdiction de l'exportation des produits pétroliers fortement subventionnés vers ces pays, il n'en n'est pas de même de l'importation des denrées alimentaires quand le panier de la ménagère en Guinée devient de jour en jour léger.

Cette interdiction signifie que les Guinéens doivent acheter et consommer uniquement les produits importés par le gouvernement ou par des opérateurs économiques accrédités et qui paient les taxes à l'Etat guinéen.

A part ces décisions inconsidérées, il faudrait jeter un coup d'oeil dans la monopolisation des différents secteurs économiques pour comprendre plus amplement les visions des stratèges de l'économie guinéenne.

Ciment de Guinée, qui a longtemps fixé les prix à sa guise et vendu seul le ciment aux constructeurs, a fini par éliminer un à un les concurrents importateurs.

Actuellement deux catégories de ciment se disputent le marché guinéen : le ciment dit "du port" qui est directement importé par des opérateurs et qui se trouve dans des emballages avec étiquette et norme, et celui appelé "ciment de Guinée" qui coûte moins cher mais qui est emballé dans des sacs particuliers sans étiquette et sans norme.

QUALITE ET FIABILITE

Le danger réside dans le fait que si la qualité et la quantité font défaut, c'est la fiabilité et la solidité des constructions qui sont en jeu. On se rappelle qu'au Sénégal, des constructions qui s'effondraient avaient mis nombre d'entrepreneurs à l'index, qui croyaient respecter les dosages des ciments fardés des cendres de hauts-fourneaux.

Par ailleurs, les Grands Moulins de Guinée viennent de subir un rude coup de concurrence après l'augmentation du prix du pain qui était passé à 2 000 francs guinéens (FG). La libéralisation des importations a pu faire redescendre le prix de la miche à 1 500 fg.

Une seule usine de fabrique de jus de fruit, la Bonagui a longtemps fait la pluie et le beau temps. Les importations massives de jus en carton et en poudre viennent de donner un coup de frein à la consommation des produits de Bonagui dont la qualité n'est plus la même.

Quant aux sociétés des eaux dites minérales, elles ne font pas mieux que Bonagui.

ASSOCIATION DE CONSOMMATEURS INEXISTANTE ?

Sobragui, la seule, l'unique brasserie en Guinée a éliminé ou diminué la consommation les autres bières importées de façon drastique mais le monopole exercé semble l'avoir rendu cupide.

A côté des boisons, il faut parler de l'usine qui fabrique les plastiques de qualité inférieure. Cela se remarque sur les différents produits ménagers : seaux, assiettes et surtout les chaises qui ne supportent pas les poids lourds de plus de 100 kilos. Plusieurs personnes se sont ainsi affalées dans des cérémonies sur des chaises en plastique.

Et pour le bouquet, ce sont les opérateurs de téléphonie qui se mêlent à la danse : des messages de publicité à longueur de journée et surtout à des heures indues de la nuit.

Les un et les autres conviennent alors que l'association des consommateurs n'existe pas ou n'est pas opérationnelle.

Dès lors, il appartient au gouvernement, en cette période de vache maigre, de taper sur la table pour ramener à l'ordre ces " opérateurs humains".
(Xinhua)

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