Guinée - Grève illimitée des avocats pour faire juger le gouverneur de Conakry

Les avocats guinéens ont entamé mardi une grève illimitée pour réclamer le jugement du gouverneur de Conakry qu'ils accusent d'avoir séquestré trois défenseurs de droits de l'Homme, a indiqué à l'AFP leur porte-parole, Me Mohamed Traoré.
Le Conseil de l'Ordre national des avocats de Guinée a cité le gouverneur de Conakry, Sékou Resco Camara, à comparaître le 16 novembre à l'audience du tribunal de la capitale, a précisé Me Traoré.

"Nous suspendons notre participation à toutes les audiences des cours et tribunaux sur toute l'étendue du territoire national à compter de ce jour (mardi) jusqu'à la comparution du gouverneur de Conakry", a-t-il déclaré.

"Nous avons porté plainte contre le gouverneur pour séquestration et violences sur un de nos confrères, Me Foromou Frédéric Loua, avocat au barreau de Conakry et président de l'ONG Même Droit pour Tous (MDT)", une organisation de défense des droits de l'Homme, a-t-il ajouté.

Me Loua, avocat de deux prévenus dans une affaire d'attaque à main armée et sans jugement depuis respectivement 2001 et 2006, détenus dans les locaux de la Sûreté urbaine (police) de Conakry, était parvenu jeudi à obtenir leur mise en liberté provisoire.

M. Resco Camara est revenu sur cette mesure et a demandé aux policiers de ramener en prison les deux prévenus et de mettre en garde à vue Me. Loua et les deux collaborateurs qui l'accompagnaient, selon Me Traoré.

Me Loua a ainsi été retenu pendant plusieurs heures à la police et ses deux collaborateurs, des magistrats membres du MDT, y ont passé la nuit, selon la même source.

Le gouverneur doit comparaître "pour servir d'exemple dans la lutte contre l'impunité dans ce pays. C'est un récidiviste. Il a giflé il y a quelques mois un huissier de justice et a récemment injurié un autre avocat", a expliqué Me Abass Bangoura, chargé des relations extérieures du barreau de Conakry.

Les avocats avaient prévu une marche mardi pour dénoncer les "agissements" du gouverneur et la "séquestration de leur confrère". Ils l'ont reportée au 16 novembre pour prendre le temps d'informer les autorités, selon des responsables du barreau.

Le gouverneur de Conakry n'était pas immédiatement joignable.

© Agence France-Presse






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