Le pape dénonce la corruption et lance un appel aux dirigeants africains

COTONOU (© 2011 AFP) - Le pape Benoît XVI qui effectue son deuxième voyage en Afrique, a dénoncé samedi la corruption dans le monde, estimant qu'elle pouvait engendrer des "revanches parfois violentes", et appelé les dirigeants africains à ne pas priver leurs peuples de "l'espérance".

Le pape a tenu ces propos au palais présidentiel de Cotonou, capitale économique du Bénin. Il a entamé vendredi après-midi une visite de trois jours dans le petit pays d'Afrique de l'Ouest, terre de vaudou et de foi catholique.

"En ce moment, il y a trop de scandales et d'injustices, trop de corruption et d'avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort", a déclaré le pape.

Des maux qui affligent l'Afrique "mais également le reste du monde", a-t-il souligné dans son discours à la présidence, s'adressant à plus de mille personnes réunies dans un immense hall décoré de tissus jaunes et blanc, parmi lesquelles des responsables politiques, des diplomates et des représentants d'autres religions dont le vaudou.

"Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente", a mis en garde Benoît XVI.

"De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde. Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent !", a-t-il lancé.

Après avoir été accueilli chaleureusement vendredi par des milliers de fidèles en liesse à Cotonou, décorée de drapeaux du Bénin et du Vatican, le pontife avait demandé dans une prière à Marie, à la cathédrale, que soient comblées "les plus nobles aspirations des jeunes d'Afrique", "les coeurs assoiffés de justice, de paix et de réconciliation".

Dans son discours samedi, Bénoît XVI a également fait référence au Printemps arabe, notant que "ces derniers mois, de nombreux peuples ont manifesté leur désir de liberté, leur besoin de sécurité matérielle, et leur volonté de vivre harmonieusement dans la différence des ethnies et des religions".

Le pape, âgé de 84 ans, a aussi plaidé samedi pour un dialogue interreligieux sans "confusion" ni "syncrétisme".

"Aucune religion, aucune culture ne peut justifier l'appel ou le recours à l'intolérance et à la violence", a-t-il affirmé.

Il est ensuite parti pour Ouidah, à 40 km de Cotonou, coeur du vaudou et haut lieu du catholicisme béninois, pour y signer le document issu du synode africain de 2009 prévoyant les grandes lignes de l'action de l'Eglise catholique en Afrique.

Sous le nom latin d'"Africae Munus" ("l'engagement de l'Afrique"), il s'agit de promouvoir une plus grande implication de l'Eglise africaine dans les problèmes de la cité, alors que les défis ne manquent pas: développement inégal, corruption, affaiblissement des pouvoirs traditionnels, concurrence des Eglises pentecôtistes et rapports parfois difficiles avec l'islam.

Il remettra cette "exhortation apostolique" dimanche à des délégations d'évêques de tout le continent à Cotonou, où il prononcera la messe dans le "stade de l'amitié".

A sa première visite en Afrique, au Cameroun et en Angola en 2009, le pontife avait déclenché une tempête internationale par ses propos sur le préservatif, estimant que son utilisation aggravait le problème du sida.

Un sujet sur lequel il est encore attendu, après en avoir toutefois admis l'usage "dans certains cas" (il avait cité la prostitution), en 2010. L'Afrique, continent où le nombre de catholiques croît le plus vite, compte 70% des quelque 34 millions de séropositifs dans le monde.

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