Politique : Quand la naïveté politique coûte chère à Lansana Kouyaté !

Nul ne doute de l’apport de Lansana Kouyaté pour la "victoire" d’Alpha Condé au second tour de la présidentielle guinéenne de 2010. Moyens financiers et techniques ont été réunis pour que le candidat de l’alliance arc-en-ciel soit élu. Mais contre toute attente, Alpha Condé a trahi son compagnon de circonstance au profit des caciques du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) (ancien parti au pouvoir). Mais comment tout cela s’est passé ?
Dans l’entre deux tours –d’ailleurs la période la plus longue, jamais observée (4mois)- en dépit de certaines joutes verbales entre le RPG et le Pedn de Lansana Kouyaté, l’actuel patron de Sékhoutoureya place ses pions et joue à la naïveté de Kouyaté, qui croit à un pacte signé entre deux partis politiques. Illusion ! Après la gifle électorale du premier tour, Alpha et sa bande inventent des scénarios pour juste perturber le déroulement d’une élection dont il n’avait aucune chance de gagner. D’abord, au dernier jour de la campagne, une histoire de l’eau empoisonnée au palais du peuple pollue l’atmosphère politique. Aidé par Jean-Marie et Sékouba Konaté, on procède au limogeage de Pr Binta, directrice de l’hôpital Ignace Deen. Le quiproquo politique commence. Entrainant ainsi la chasse aux peuls en Haute Guinée notamment à Siguiri et à Kouroussa. Aucune condamnation de la part des autorités de la transition. Seul Kassory Fofana, le président de Guinée Pour Tous, avait osé hausser le ton pour dire non à la violence.
Lansana Kouyaté ayant été diplomate et connaissant le danger qui guettait le pays et le tissu social a fermé sa bouche faisant semblant qu’il ne comprenait rien de tout ce qui se passe. Il a cautionné les mensonges du RPG qui n’avait aucun égard envers lui, faisant fi aux valeurs républicaines et à la Constitution qui régissent le fonctionnement de notre pays. Pressé par la coordination mandingue et son ami Louceny Fall, il hésite avant de nouer une alliance ethnique avec Alpha Condé. Aujourd’hui, il paie le prix de sa naïveté. Pensant qu’en isolant Cellou Dalein et Sidya, il aurait une concession avec le pouvoir pour devenir le président de l’Assemblée nationale comme si le pays n’appartenait qu’à une seule ethnie. Utopie. Alpha a bien joué le jeu d’un naïf en politique. Quelques semaines après son élection, Alpha Condé coupe le pont avec Lansana Kouyaté. Nomination du premier ministre et des ministres qui composent le gouvernement, LK n’est pas consulté. Ses représentants dans le gouvernement sont choisis sans qu’il ne soit consulté.
Six mois après l’élection du Président Condé, le leader du Pedn qualifie le bilan de son ancien mentor de « globalement négatif ». Les relations entre les deux personnages sont ternies davantage. Il menace de publier les accords entre le RPG et le Pedn, une fois à Conakry. Pour anticiper cette antipathie, le RPG se précipite et publie un « faux accord » pour faire croire à l’opinion que le parti de Lansana Kouyaté avait demandé trop. Faux, rétorque l’ancien premier ministre qui parle de « chantage » en vue de nuire au parti qui grandit sur l’échiquier politique national. Aujourd’hui, le pouvoir l’interdit de se rendre à Kankan. Le comble de l’ingratitude !
Au regard de tout cela, c’est une leçon pour tous les leaders politiques qui soutiennent les candidats et non les programmes. Il ne suffit pas d’être de la même origine qu’un leader politique pour le soutenir, il faut soutenir son programme de société. Car, à défaut de faire partie du gouvernement, on sera fier du travail des hommes au pouvoir. Parce qu’on a la même vision. Il ne reste plus à Kouyaté de s’en vouloir à lui-même. Alors que les querelles se taisent pour ne pas polluer davantage le climat politique déjà, délétère.
A plus tard
Saliou Bah

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