Les petits conseils "bénévoles" de Bernard Kouchner

(France Info 07/12/2011)

Depuis sa sortie du gouvernement il y a un an, l'ex-ministre des Affaires Etrangères a totalement disparu des écrans radar. Mais à 72 ans, Bernard Kouchner n'a pas pris sa retraite pour autant. Enquête sur ses nouvelles activités de consulting, en Guinée.

Le "French Doctor" nourrit une nouvelle passion : la Guinée, ce petit Etat d'Afrique de l'Ouest dirigé depuis un an par Alpha Condé, un ami de longue date de Bernard Kouchner : les deux hommes se sont connus au lycée Turgot à Paris il y a un demi-siècle et leur amitié est toujours intacte. Pour preuve, Bernard Kouchner était invité à sa cérémonie d'investiture, l’occasion pour le président Condé d’enlacer longuement son "frère jumeau", rapporte Pierre André Wiltzer, ancien ministre de la Coopération de Jacques Chirac, témoin de la scène.

Bernard Kouchner se rend en Guinée tous les mois pour suivre la construction d'une maternité à Conakry. C'est son projet. Entièrement financé par des mécènes, comme Sanofi, EDF ou encore Total, pour qui il avait fait un rapport controversé sur le travail des enfants en Birmanie. Des mécènes qui lui paient même ses billets d'avion pour Conakry.
Un travail "bénévole", assure-t-il, tout comme les conseils qu'il donne à son ami Alpha Condé. Il lui a recommandé notamment de mettre en place une sécurité sociale, comme il l'avait fait au Gabon - on se rappelle son rapport chèrement facturé à Omar Bongo. Des conseils très appréciés des chefs d'Etat africains, "toujours en recherche de réseaux d’influence parisiens, c’est important pour leur aura, leur image", explique le journaliste Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique

"Il roule dans un véhicule de la Présidence, il fait des affaires en Guinée" (Lama Bangoura, opposant guinéen)

Pour son ami Alpha Condé, Bernard Kouchner ouvre son carnet d'adresse. Selon nos informations, il est intervenu notamment auprès de Christine Lagarde au FMI, du milliardaire Georges Soros ou de Tony Blair, l'ancien Premier ministre britannique qui conseille d'autres Etats africains : Sierra Leone, Liberia, ou encore le Rwanda avec qui il aurait un contrat de deux millions de dollars.

Du bénévolat ? Certains en doutent. Selon Lama Bangoura, l'un des leaders de l’opposition guinéenne, Bernard Kouchner a notamment "un bureau dans les locaux de Bolloré à Conakry", il "roule dans un véhicule affecté par la Présidence de la République avec des gardes du corps militaires guinéens" et il "a fait et fait des affaires en Guinée".

"J’étais sûr que vous en viendriez là avec votre œil énigmatique. Allez, barrez-vous !" (Bernard Kouchner)

A la question : "Que faites-vous maintenant ?" Bernard Kouchner répond, dans son luxueux appartement parisien : "Je survis, je respire, je suis libre et j’aide mon ami Alpha Condé".
Mais la conversation se tend au fur et à mesure que les questions deviennent plus précises.Sur ses conseils à Alpha Condé ("Monsieur je n’aime pas votre façon de poser les questions"), sur la nouvelle société qu'il a montée en juin dernier, No Borders Consultants ("Je fais des conférences. Certaines sont gratuites, d’autres pas. D’accord, monsieur l’inquisiteur ?"), ou encore sur son bureau supposé chez Bolloré ("Des conneries […] J’étais sûr que vous en viendriez là avec votre œil énigmatique. Allez barrez-vous !").

Fin de l'entretien.
Yannick Falt est littéralement mis à la porte par Bernard Kouchner.
Les questions sur l’objet social de No Borders Consultants resteront sans réponse.

Page Web : Gilles Halais

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