Alpha Condé fait un bilan élogieux de … ses promesses et de ses projets

Comme d'habitude, ceux qui ont lu le fameux discours du PRG ne verront dans mon
commentaire que les critiques négatives. Je rappelle donc que le but n'est pas d'encenser le PRG
(d'autres le font très bien), mais de relever les nombreuses inexactitudes qui jalonnent son
discours. Bien entendu, si l'on excepte les critiques ci-dessous, ce discours serait digne d'un chef
d'État... au vu de ce qui est évoqué, mais il ne correspond nullement à la réalité. En effet, il n'y a
ici qu'un catalogue de ce qui pourrait arriver si, et seulement si, ceux qui énoncent des rêves
arrêtaient de croire à leurs incantations. Toutefois, une fois n'est pas coutume, je m'essaierai
rapidement à faire un texte de critiques constructives.

Comme à l'accoutumée, je reprends le florilège des déclarations du PRG (« en italiques et entre
guillemets ») :

Quelques déclarations du PRG ne méritant pas de s'appesantir
« Depuis une année donc, les Guinéens ont institué un régime du peuple par le peuple et pour le
peuple » : la vieille rhétorique communiste qu'Alpha Condé tente de s'approprier est totalement
indigeste au regard de l'histoire de la Guinée.

« Tout au long de cette année, nous avons du faire des choix difficiles » (lesquels ? Augmenter
le prix du carburant ? Tirer sur la foule ?) « et prendre des initiatives audacieuses » (lesquelles? Ethniciser la fonction publique?).
« A l’image de la préparation d’un champ, nous avons réussi durant les 12 mois derniers, à
défricher, labourer et semer les graines qui annoncent d’abondantes moissons » : une
démonstration par l'exemple serait bienvenue.

« Notre situation financière et macroéconomique s’est notablement améliorée » : oui
partiellement pour la situation financière (mais davantage à cause de la cagnotte de Rio Tinto,
que par la mise en place d'une gestion rigoureuse), mais quid du niveau macroéconomique ?

« La Banque Mondiale et le FMI nous ont félicités pour le respect de nos engagements, et des
mesures que nous avons prises pour le redressement de notre économie » : en matière
internationale, les IFI complimentent souvent, mais seuls leurs actes concrets prouvent que ces
discours ne sont pas que diplomatiques.
- « le déficit budgétaire qui était de 13% a été ramené à 2% » : j'ai peine à comprendre les
calculs, puisqu'avant le budget rectificatif, cette réduction avait déjà été annoncée, alors
que les recettes comprenaient outre des recettes actées des IFI, des dotations
prévisionnelles – qui ne sont pas sûres par définition. En outre les recettes additionnelles
du budget rectificatif, qui auraient du réduire mécaniquement le déficit, n'ont eu aucune
influence sur ce pourcentage annoncé. Cherchez l'erreur !!! Malheureusement pour le
pouvoir, les IFI savent compter et prétendre avoir atteint 2% pour être « dans les clous »
relativement aux critères de l'IPPTE, n'est pas pertinent.

- « à notre arrivée, les réserves en devises, de la Banque Centrale, couvraient à peine 8
jours d’importation, aujourd’hui elles peuvent couvrir 5 à 6 mois d’importation » : ceci
est dû à la cagnotte ponctuelle de Rio Tinto, partiellement intégrée au budget, et non à
l'excédent des recettes habituelles sur les dépenses. C'est bien que la BCRG dispose de
réserves de change, mais il ne faut pas tromper la population sur la nature de celles-ci.

- « l’inflation a été stabilisée » : elle est toujours supérieure à 20%, et j'espère que le seul
objectif du gouvernement n'est pas de la maintenir à ce taux... pour rembourser plus
facilement (arnaquer eût été excessif, si la BCRG ne maîtrise rien) les créanciers de l'État
et diminuer de façon « indolore » le pouvoir d'achat des Guinéens.

- « le taux de croissance passe de 1,5% à environ 5%, dans les quatre prochaines années »
: il ne faut pas confondre la réalité des chiffres corroborés a posteriori, et des prévisions,
qui peuvent donc toujours être ramenées à la baisse. Par ailleurs, elle n'est fondée que sur
les recettes minières (donc rien de nouveau sous le soleil), et non sur le dynamisme de
l'économie nationale.
- « Les mesures d’incitation - mise à disposition des engrais et d’outillage agricole dont les
tracteurs ainsi que l’encadrement technique des paysans - ont permis une augmentation
de 8% de production en cours » : des projets agricoles ne préjugent pas de la production
définitive réelle, cette dernière pouvant être non vendue (à cause du fameux décret «
régionaliste »), ou pourrir sur place faute de stockage adéquat (ce qui constitue le
problème essentiel – en dehors des prix – pour les agriculteurs).

- « Nous avons réintégré toutes les institutions financières internationales » : quelles sont
les IFI qui nous avaient exclu ? (seules certaines avaient suspendu leurs aides financières)
« et nous espérons » (c'est bien de rappeler qu'il ne s'agit que d'espoir et non d'un acquis)
« atteindre bientôt le point d’achèvement de l'Initiative pour les pays pauvres très
endettés (IPPTE). Ce programme du FMI nous permettra de concrètement voir réduite
notre dette de deux-tiers courant 2012 » : ce serait effectivement une bonne chose pour
le pays, mais il serait souhaitable d'expliquer à la population, quelles sont les conditions
concrètes permettant d'y parvenir (sur les 7 à 8 déclencheurs de l'atteinte à l'IPPTE par
exemple, la structure des dépenses - 30 à 50% du budget pour 0,5% de la population,
c'est-à-dire les militaires - fait tache, ainsi que la préservation de la paix et de la stabilité)
pour éviter de les faire rêver inutilement. En annonçant précédemment espoir, ce qui est
plus sage, puis en transformant celui-là en réalité, courant 2012, on vend la peau de l'ours
bien imprudemment. Du reste, si cet allègement soulagera incontestablement les finances
publiques, cela ne constitue pas la panacée.

« Les transformations en cours et l’assainissement de l’environnement des affaires » (Alpha
Condé ne doit pas comprendre de quoi il s'agit) « ont renouvelé la confiance de nos partenaires
étrangers. Ils viennent de plus en plus nombreux en Guinée, motivés par les mesures prises
contre la corruption et notre nouvelle politique de partenariat gagnant-gagnant » : il faut
éviter de raconter des histoires, les investisseurs ne viennent jamais pour les beaux yeux de la
belle, mais pour ce qu'ils peuvent gagner. Par ailleurs, ce qui compte n'est pas le nombre de
touristes à Conakry, mais le nombre de contrats signés.

« Nos partenaires étrangers sont rassurés par nos initiatives de renforcement de la
transparence dans l’octroi des marchés publics » : les sociétés Sabari technologie et Waymark
Infotech qui ont obtenu un marché de gré à gré, peuvent l'illustrer parfaitement, sic !!!

« Dans le secteur minier, nous avons entamé une réforme de fond visant, d’une part, à
accélérer le développement » (dire plutôt la gestion par d'autres) « de nos mines, et d’autre part
à assurer des revenus plus importants pour l’État » (à condition de ne pas avoir les yeux plus
gros que le ventre, 15% de 100 valent mieux que 99% de 0), « pour les entreprises » (lesquelles
?) « et pour les populations » (comment ?). « Il s’agit de mieux défendre des » (joli lapsus, de
qui veut-il parler ?) « intérêts de la Guinée en créant des conditions attractives pour les
investisseurs. Il était important de revoir l’ensemble des contrats miniers » (quid de Rusal par exemple?).

« J’ai commencé le travail d’assainissement par un diagnostic du secteur minier en associant
tous les acteurs nationaux » : c'est sans doute pourquoi rien n'est transparent, qu'il existe de
nombreuses critiques et qu'il faille refaire une partie du Code minier. Si tous les acteurs (et non
ceux triés sur le volet) étaient effectivement associés, nous serions sans doute moins ridicules.

« Nous pouvons être fiers d’avoir eu l’ambition, le courage et la détermination d’établir un
code innovant, à la pointe des nouvelles normes d’équité » (c'est pourquoi il faut le refaire en
partie !!!), « qui déjà fait figure de référence pour d’autres pays miniers » (sic !!!).

« Grâce à ce nouveau code » : j'ignorais que c'était une martingale, les autres pays miniers sont
d'une bêtise extrême pour ne pas y avoir pensé plus tôt.

« Les dizaines de milliards de dollars, qui vont être investis en 10 ans » (par qui et comment ?)
« vont propulser l’économie guinéenne à une toute autre échelle. Les retombées directes et
indirectes de ces investissements miniers vont générer des milliers d’emplois (pour qui ?),
stimuler un important transfert de technologie » (où est-ce stipulé dans la convention ?) « et
permettre une importante amélioration des conditions de vie des populations » : c'est ce que
n'arrêtent pas de nous dire les nombreux Guinéens qui côtoient les « projets internationaux » en
forêt ou ailleurs (voir le projet Soguipah à Yomou par exemple).

« Ces énormes projets » (il est bien de rappeler qu'il ne s'agit que de projets, dont le rappel
d'une définition ne serait pas superflu) « de construction de routes, de chemins de fer, d’usines
de transformations » (quelle est la nature de ces dernières ?) « qui accompagnent
naturellement » (on recoure à la providence maintenant, puisqu'on espère ?) « des activités
minières vont engendrer des milliers d’emploi qualifiés » (combien, nature des qualifications)
« et bien rémunérés » (est-ce déjà prévu ?). Nous pouvons d’ores et déjà citer :
- « la construction du chemin de fer « trans-guinéen » : il aurait été souhaitable de
rappeler les difficultés de financement de ce projet qui le remettent temporairement en
cause.
- « l’agrandissement et la modernisation des ports de Conakry et de Kamsar vont nous
doter de ports modernes d’une capacité nous permettant de devenir le leader sous-
régional » : ce qui ne dépend nullement de la capacité, mais des services rendus aux
utilisateurs. Arrêtons de nous voir plus beaux que nous sommes réellement. Ça fait plus
de 50 ans que nous fantasmons sur nos ressources naturelles (qui nous rendent
paresseux), alors qu’elles ne remplaceront jamais le travail des Guinéens.

« Vous avez été nombreux à suivre l’arrivée des groupes thermiques » : au lieu de parier sur
l'avenir avec l'hydroélectrique,les Guinéens ayant attendu 50 ans pouvaient patienter quelques
années supplémentaires, on va sacrifier le présent, en fournissant des centrales thermiques qui,
si elles ont l'avantage d'être plus rapidement opérationnelles, entrainent des coûts
supplémentaires en charbon ou fuel, qui eux ne sont pas gratuits (occasionnant de nouvelles
dépenses), et qui continuent à nous rendre dépendants.

« Plus de solutions bâclées, qui ne durent que le temps d’une campagne électorale » : en
investissant dans le thermique, c'est pourtant ce qui est fait.

« Dans ce domaine comme dans d’autres, l’aléatoire et le bricolage peuvent être pire que le
manque. Nous méritons de vraies alternatives économiques et écologiques, telles que des
énergies propres » : voir ci-dessus la contradiction, sic... Certains Guinéens vont apprécier de
regarder la CAN, mais après ?

« La solution définitive du problème d’électricité dans notre pays se trouve dans la
construction de barrages hydroélectriques » : c'est vrai, alors pourquoi ne pas y concentrer ses
efforts ?

les Guinéens ayant attendu 50 ans pouvaient patienter quelques
années supplémentaires, on va sacrifier le présent, en fournissant des centrales thermiques qui,
si elles ont l'avantage d'être plus rapidement opérationnelles, entrainent des coûts
supplémentaires en charbon ou fuel, qui eux ne sont pas gratuits (occasionnant de nouvelles
dépenses), et qui continuent à nous rendre dépendants.

« Plus de solutions bâclées, qui ne durent que le temps d’une campagne électorale » : en
investissant dans le thermique, c'est pourtant ce qui est fait.

« Dans ce domaine comme dans d’autres, l’aléatoire et le bricolage peuvent être pire que le
manque. Nous méritons de vraies alternatives économiques et écologiques, telles que des
énergies propres » : voir ci-dessus la contradiction, sic... Certains Guinéens vont apprécier de
regarder la CAN, mais après ?

« La solution définitive du problème d’électricité dans notre pays se trouve dans la
construction de barrages hydroélectriques » : c'est vrai, alors pourquoi ne pas y concentrer ses
efforts ?

les Guinéens ayant attendu 50 ans pouvaient patienter quelques
années supplémentaires, on va sacrifier le présent, en fournissant des centrales thermiques qui,
si elles ont l'avantage d'être plus rapidement opérationnelles, entrainent des coûts
supplémentaires en charbon ou fuel, qui eux ne sont pas gratuits (occasionnant de nouvelles
dépenses), et qui continuent à nous rendre dépendants.

« Plus de solutions bâclées, qui ne durent que le temps d’une campagne électorale » : en
investissant dans le thermique, c'est pourtant ce qui est fait.

« Dans ce domaine comme dans d’autres, l’aléatoire et le bricolage peuvent être pire que le
manque. Nous méritons de vraies alternatives économiques et écologiques, telles que des
énergies propres » : voir ci-dessus la contradiction, sic... Certains Guinéens vont apprécier de
regarder la CAN, mais après ?

« La solution définitive du problème d’électricité dans notre pays se trouve dans la
construction de barrages hydroélectriques » : c'est vrai, alors pourquoi ne pas y concentrer ses
efforts ?

les Guinéens ayant attendu 50 ans pouvaient patienter quelques
années supplémentaires, on va sacrifier le présent, en fournissant des centrales thermiques qui,
si elles ont l'avantage d'être plus rapidement opérationnelles, entrainent des coûts
supplémentaires en charbon ou fuel, qui eux ne sont pas gratuits (occasionnant de nouvelles
dépenses), et qui continuent à nous rendre dépendants.

« Plus de solutions bâclées, qui ne durent que le temps d’une campagne électorale » : en
investissant dans le thermique, c'est pourtant ce qui est fait.

« Dans ce domaine comme dans d’autres, l’aléatoire et le bricolage peuvent être pire que le
manque. Nous méritons de vraies alternatives économiques et écologiques, telles que des
énergies propres » : voir ci-dessus la contradiction, sic... Certains Guinéens vont apprécier de
regarder la CAN, mais après ?

« La solution définitive du problème d’électricité dans notre pays se trouve dans la
construction de barrages hydroélectriques » : c'est vrai, alors pourquoi ne pas y concentrer ses
efforts ?

« Notre ambition de jeter les bases d’une vraie démocratie » (sic !!!) « suppose aussi la réforme
du secteur de défense et de sécurité, que j’ai résolument entamée dès mon investiture »
(comment ?). « Aujourd’hui, l’armée est dans les casernes » (ah bon !!!).

« Le départ à la retraite de 4.200 éléments » (qui sont-ils ? Nous n'avons que l'information,
sans pouvoir la vérifier) « se fera avec un plan d’accompagnement pour chaque homme » (en
quoi consiste t-il ? Les citoyens guinéens qui le financent ont le droit d'être informés).

« C’est en effet en 2012 que nous moissonnerons les récoltes semées en 2011 » : joli pléonasme,
car une récolte arrive systématiquement après les semences, mais qu'est-ce qui a été semé ?

« Toutes ces réalisations » (projets, ne confondons pas ?) « que je viens d’énumérer, … sont
fragiles » (et pour cause !!!).

« Je connaissais les difficultés de la tâche, mais ce que j’ai trouvé est pire que ce que j’avais
imaginé » (manque de professionnalisme). « Donc je continuerai à demander des efforts » (se
serrer la ceinture ne constitue pas un projet pour tous, sans perspectives) « pour que les récoltes
à venir soient à la hauteur des graines germées » (nouveau lapsus !).

« De nouveaux chantiers nous attendent et trois priorités se dégagent :
renforcer l’unité nationale » : c'est de son ressort et de sa volonté,
« changer et améliorer la vie quotidienne des populations » : c'est pourtant la finalité
d'un gouvernement, qu'a t-il fait depuis un an en ce sens ?
« transformer l’économie et attirer les investissements internationaux » : pourquoi ne
parle t-on jamais des investissements nationaux, y compris de la diaspora par exemple ?

« Pour renforcer l’unité nationale, je veillerai personnellement à la poursuite du dialogue
politique multipartite que j’ai initié en recevant les leaders politiques le 15 Novembre dernier »
(mieux vaut tard que jamais). « Le dialogue politique tourne autour de la préparation et de
l’organisation des élections législatives 2012. Comme je l’ai dit aux leaders des partis
politiques, ma position » (de président du RPG qui décide de tout ?) « m'oblige à rester au
dessus de la mêlée » : Alpha Condé oublie que rien ne se fait sans le PRG, c'est donc un mauvais
calcul et mesquin, de s'imaginer que ses ministres vont décider quoi que ce soit en dehors de lui.
En outre ceux-ci vont rapporter et interpréter, donc perdre éventuellement du temps.

« Je souhaite … que les élections législatives se tiennent le plus rapidement possible en 2012...,
sur la base d’un chronogramme consensuel prenant en compte le point de vue de toutes les
parties impliquées » : au sein des partis politiques de l'opposition, il y a des poids lourds qu'il
est impossible de diluer parmi des formations politiques insignifiantes. Tant que le PRG
minimise certains partis pourtant les plus représentatifs et leurs leaders politiques
incontournables, les choses n'avanceront pas, et le dialogue n'en sera pas un. Pour l'instant, sauf
à considérer que le premier tour de la présidentielle est nul et non avenu (et donc en tirer les conséquences), les résultats statistiques de cette élection, constituent le seul indicateur dont on dispose, du poids des différentes formations politiques.

« Le renforcement de l’unité nationale passe par la réussite du processus de réconciliation
nationale » (impossible de résoudre ce problème rapidement). « Ce processus est difficile »
(raison pour lequel il ne faut rien bâcler), « mais indispensable pour la cohésion de notre nation
et pour la construction de sa mémoire historique » (cela prendra du temps). « La Commission
provisoire chargée de la réconciliation nationale » (non, elle n'est chargée que d'une réflexion),
« ... co-présidée par l’Archevêque et l’Imam de la Grande Mosquée de Conakry » (ce sont les
deux seuls membres !!!), « a tenu une rencontre le 15 Décembre dernier » (rien de concret en
dehors … des prières. Venant de religieux pouvait-on s'attendre à autre chose ?).

« La réconciliation dans notre pays est non seulement possible mais en route » : ce n'est pas un décret qui le décidera, et il vaut mieux faire preuve d'humilité dans ce domaine, car à
l'impossible nul n'est tenu.

« Mon but fondamental pour la Guinée est la souveraineté alimentaire » : alors pourquoi
subventionner le riz ?

« Je profite de cette occasion pour féliciter et remercier les mouvements syndicaux pour le
soutien qu’ils n’ont cessé d’apporter à mon action » : pas du tout, le PRG n'est que le
représentant de l'État, il n'en est pas l'incarnation.

« Aux dirigeants et militants des partis politiques, je renouvelle mon engagement solennel
à protéger les libertés dans le respect de la loi » : de qui se moque t-on ? A moins qu'il ne parle
que de SA loi (la seule qu'il connaisse, et pour cause), ou qu'il ne s'adresse qu'à ses militants.

« Je m’engage à ... accueillir des opinions contradictoires » : un seul exemple concret serait
bienvenu.

« J’ai lutté longtemps pour le changement » : non, dire plutôt pour obtenir le pouvoir.

Quelques explications sur la propagande gouvernementale et les non dits de son
discours
« Le nouveau code minier » (à refaire partiellement pour tenir compte des souhaits des
multinationales ?), « la réforme de l’armée » (où est la liste des 4200 militaires, sous peine de
n'être qu'un effet d'annonces sans vérification possible ?), « et les nombreuses réformes
structurelles entreprises » (inventaire de celles-ci ?).

De même qu'il n'a pas été possible de vérifier les 3000 fonctionnaires fictifs de la fonction
publique (chaque nouveau gouvernement en trouve opportunément), on ne sait pas grand chose
sur un chiffre annoncé partout, sans compter qu'ils peuvent très bien se superposer... ces effets
d'annonces.

En dehors du nouveau Code minier dont on a déjà parlé, les partisans du PRG soutiennent que
les éléments positifs de son mandat tournent autour du retour de la Guinée sur la scène
internationale. Outre que cette appréciation est subjective et difficilement mesurable, il faudrait
qu'on nous explique ce que cela signifie, au regard des différents classements de la Guinée au
niveau mondial (179ème sur 183 Doing business 2011 par exemple).

Ce n'est pas parce qu'Alpha Condé a effectué plus d'une vingtaine de voyages depuis un an (pour
quelles finalités ?), que cela entraîne une aura supérieure du pays sur le plan international. Un
pays se distingue par sa capacité à influencer les autres, en fonction de différents critères qu’on a
peine à voir. Le « soft power » de la Guinée est loin d'être évident (sic !), et les nombreuses
gesticulations ne compenseront pas cette absence. Quant au « hard power », il n'a jamais existé.

Il existe 6 aspects de sa politique sur lesquels Alpha Condé n'est pas revenu, vraisemblablement parce qu'ils ne sont pas à mettre à son actif. Petit rappel :

- les discours du PRG ont souvent été empreints d'agressivité vis-à-vis de l’opposition, ou
de certaines catégories socioprofessionnelles ethniquement ciblées. Rien n'est dit dans
son discours sur ces erreurs, à moins qu'il soit en accord profond avec elles, ce qui
n'augure rien de bon pour l'avenir.

- de même, le choix de certains de ses collaborateurs, censé donner une certaine image de
sa politique, a refroidi plus d'un dès le début de son mandat, à moins qu'il ne s'agisse que
de l'image réelle du personnage (face obscure qu’il ne peut plus cacher maintenant). Mais il pourrait s'agir de machiavélisme en amenant à lui tous les anciens adversaires de
Cellou Dalein Diallo (et les avoir pour alliés aux législatives), à moins qu'il ne s'agisse de
pragmatisme en voulant s'entourer de personnes ayant un tant soi peu d'expérience du
pouvoir (lui n'en ayant aucune).

- l'incohérence de sa gouvernance est l’un des défauts les plus importants ; par exemple, le
refus de dialoguer avec l’opposition, ses nominations communautariste et/ou partisane
ne vont pas dans le sens de l'apaisement.

- la poursuite de l'impunité des militaires sans explications, constitue un affront pour
toutes les victimes.

- sa vision liée aux revendications du Collectif sur la CENI, les conseillers communaux, le
processus électoral. Il parle davantage ce qu'il fera (à suivre donc) que des raisons des
difficultés, liées aux violations constitutionnelles.

- enfin s'il est une chose qui n'a pas traumatisé Alpha Condé, et je l'ai signalé dans trois
papiers différents, c'est bien le pseudo-attentat du 19 Juillet dernier. Il paraît en effet
étonnant qu'un PRG, victime d'un attentat, le passe sous silence dans un discours-bilan
officiel, puisque la date anniversaire de son mandat, constituait une occasion
supplémentaire, de solliciter le rassemblement de tous, en vue d'éviter à l'avenir pareil
désagrément. Chacun en tirera les conclusions qu'il veut.

Conclusion

Alpha Condé est donc fidèle à lui-même, aucune réalisation intéressante pour la population (à
part l'obtention d'un bac pour les lycéens, plus conforme à l'esprit de l'institution), dont le
pouvoir d'achat continue à baisser (ça c'est une réalité). Aucune vision sur le plan économique, à
part de demander aux Chinois d'acheter nos matières premières, et de construire certains
édifices (y compris avec leur main d'œuvre) à notre place.

Or, avec un État faible, une administration pléthorique, inefficace et corrompue, vouloir faire de
l’État un agent économique, ne peut conduire qu’à l’échec, car celui-ci ne doit jouer qu'un rôle
d’orientation, d’incitation, de régulation, de soutien et de contrôle, ne serait-ce que parce que
ses moyens financiers sont limités. Il faut avoir la politique de ses moyens.

Sous peu, je reprendrai ce qu'Alpha Condé devrait faire, s'il veut ramener un peu de quiétude à
son régime, car il ne faut pas s'imaginer que disposer des forces armées est le gage de réussite
d'une politique. A court terme, on obtient des résultats. A moyen terme, on se met à dos la
population, qui peut devenir passive, si des résultats économiques sont obtenus, mais qui peut
exiger davantage, si rien ne se passe pour leur situation.

Or contrairement à ce qu'Alpha Condé nous a serinés, il n'a rien semé. Il ne peut évidemment
faire un état des lieux, qui se révèlerait catastrophique, sauf pour les gens qu'il a nommés. Au
lieu de faire un diagnostic sans complaisance de la situation, il a évoqué des projets de moyen et
long terme, d'ailleurs non financés, et qui, de toute façon, n'apporteront pas grand chose dans
l'immédiat. Or pour ce type de projet à moyen terme, il faut un consensus dans la classe
politique, qui n'existe pas, et c'est là le problème majeur, alors que les difficultés sont pourtant
les mêmes pour tous. Les Guinéens ne peuvent pas continuer à vivre d'illusions, et je ne suis pas
sûr que le PRG en ait pris la mesure.

Gandhi, citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre
bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace ». (Robespierre, Discours sur la liberté
de la presse, Mai 1791).

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