(Troisième partie) « Le cœur de chaque Guinéen balance » « Aux grands maux , les grands remèdes »

Plaidoyer pour une Conférence Nationale: « Dialogue- Vérité- justice-
Réconciliation. »

« S’il y a un pays où une Conférence nationale s’impose après tant d’années de pouvoir autoritaire
d’anomalies meurtrières et de manquements graves à la dignité de la personne humaine et au droit
des gens, c’est certainement la Guinée…. »

Le processus de démocratisation est en panne dans notre pays par manque de respect des
règles du jeu démocratique, les habitudes ont la vie dure.

Mais si nous voulons sérieusement sortir de ce blocage sociopolitique la voie royale est
et demeure : une Conférence Nationale. Il nous sera très difficile d’en faire l’économie ,
car en effet le passif de nos 53 ans d’indépendance est très lourd ,et une vraie et sincère
réconciliation nationale est à ce prix.

Et pourquoi les partis politiques surtout majoritaires n'en parlent même pas; alors que c'est un
préalable à une réconciliation ? Pour se réconcilier il faut situer les responsabilités. Pourquoi
l'Opposition ou le Pouvoir ne met jamais en avant la question de la Conférence nationale ?

Nous sommes tous d’accord pour constater que le pays est miné par d’une part la
bipolarisation ethno-régionale de la vie publique, d’autre part la mal-gouvernance.

Depuis la Première République jusqu’aujourd’hui , quel est le gouvernement guinéen qui n’a pas
eu ses ministres : Malinkés, Soussous , Peuls, Forestiers ? Et parmi tous ses ministres, quels sont
ceux qui ont démissionné pour cause de mal-gouvernance ou raison de ségrégation ethnique?

Nous sommes dans une situation politique bloquée où règnent la suspicion, la stigmatisation,
la victimisation. La réalité est que nous tournons en rond dans un cercle vicieux où chaque camp
voit «la paille dans l’œil du voisin mais pas la poutre dans le sien » !

Dans ce climat d’accusation mutuelle, je crains fort que le dialogue politique engagé

actuellement entre le pouvoir et l'opposition ne puisse pas aboutir, et ce sera le nième échec
de tentative de sortie de crise ! J’espère et je souhaite me tromper.

Mais le vrai Dialogue inclusif appelé Conférence nationale doit réunir : toutes les Forces
Vives de la nation.

En effet les problèmes de notre pays dépassent largement le simple cadre politicien, ils
concernent toute la communauté nationale dans ses diverses composantes : ethnique, politique

culturelle, professionnelle, générationnelle, confessionnelle…C’est pourquoi un vrai dialogue
inclusif doit concerner les représentants de toutes les forces vives du pays.

Partis politiques de tout bord, Organisations syndicales , les Forces de défense et de sécurité,
les Hommes de loi( Juges et Avocats) les Clergés chrétien et musulman. les Organisations
de jeunesse, les Organisations de femmes, les Organisations paysannes , la Communauté
guinéenne expatriée…

Il ne peut y avoir de meilleure occasion ou de meilleur endroit de faire un dialogue le plus
inclusif possible, si ce n’est cette conférence nationale ; c’est seulement en ce moment que
nous pourrons dire et connaître « toute la vérité, rien que la vérité » sur notre histoire post-
coloniale.

Aujourd'hui chaque ethnie, chaque région, chaque parti, pour ne pas dire chaque guinéen a sa
vérité sur les problèmes de notre pays. Lorsque nous connaîtrons la vérité historique à travers
les débats lors d’une conférence nationale, nous pourrons situer les responsabilités, et c’est
seulement après cela justice sera rendue aux victimes.

Combien d'occasions ratées et combien de rendez –de- vous manqués avec l'histoire? Nous

avons raté notre transition par manque de vision car toute la classe politique a été éblouie par la
perspective du pouvoir. Elle a succombé au charme de l'électoralisme.

Au sein des Forces Vives nous avions proposé de faire les élections législatives avant l'élection
présidentielle, ce qui aurait permis d'avoir d'entrée de jeu un équilibre des pouvoirs exécutif
et législatif à la sortie de la transition. Quel est le parti qui en a voulu ?

Je pense que notre transition, que nous avons ratée, serait tout autre si notre frère le Pr Alfa I.
Sow( paix à son âme) était encore parmi nous en ce bas monde. Il n’aurait jamais toléré la grave
déchéance du débat politique que nous avons connue. Les compatriotes qui l’ont connu pourront
témoigner.

Je reste fidèle à l’esprit et l’expérience que le Pr Alfa Ibrahima ( paix à son âme) m’a légués et
mon combat n’a pas jamais été dirigé contre une personne ou contre une ethnie . Il est pour
la citoyenneté guinéenne et où partout je trouve en Guinée je suis chez moi, comme tout autre
guinéen !

Je me suis fortement impliqué dans le combat du Forum des Forces Vives, car c’était l’immense
majorité du peuple guinéen, sans distinction d’ethnie ou de région, qui voulait en finir avec la
dictature militaire. Et je suis toujours prêt à m’engager dans toute démarche cherchant l’unité de
notre pays .

En lieu et place des invectives, J’invite les compatriotes sincères à ce que nous
réfléchissions rapidement ensemble aux voies et moyens de la tenue de cette conférence
nationale « Dialogue-Vérité-Justice-Réconciliation. »

Compte tenu de la bipolarisation ethnique du débat à l’occasion du deuxième tour 2010 de
la présidentielle, personnellement j’étais pour une position de neutralité, et je l’ai exprimé à la
Direction nationale du parti qui ne l’a pas suivie. Et c’est cette neutralité qui aurait permis à l’U.F.D.
de condamner les évènements de Siguiri, Kouroussa , tout en restant crédible !

Je voudrais dire aux compatriotes que je n’ai jamais eu peur de défendre mes positions et mes
convictions politiques, je n’ai la culture de l’opportunisme. Je vous dis sans fausse modestie qu’en
1991- 1992 j’ai personnellement implantée l’U.F.D. à Siguiri , Mandiana , Kankan, Kouroussa,
Koumana. A cette période il n’était pas question d’aller parler d’ un autre parti politique en Haute
Guinée à part le R PG !

Chers compatriotes, je livre à nouveau à votre réflexion le message que le président fondateur de
l’Union des Forces Démocratiques (U.F.D.) notre frère le Pr Alfa Ibrahima Sow ( paix à son âme)nous
a laissé à propos de la voie à suivre pour le renouveau démocratique de la Guinée.

« S’il y a un pays où une Conférence nationale s’impose après tant d’années de pouvoir
autoritaire d’anomalies meurtrières et de manquements graves à la dignité de la personne
humaine et au droit des gens, c’est certainement la Guinée…

Dans la situation politiquement ingérable et bloquée où se débat la Guinée d’aujourd’hui,
en
la conférence nationale de vérité, de justice et de réconciliation s’impose comme procédure
incontournable

Une Conférence nationale des Forces Vives du pays est indispensable pour dresser ensemble
un
personnes, s'entendre sur la nature, les caractéristiques et la durée de l'effort et les sacrifices
raisonnables

Seule la Conférence nationale nous donnera l'occasion de nous débarrasser de la haine et
d'humiliation, pour remettre notre pays sur la voie du changement, de l'unité véritable et du
travail. l''enjeu de ce débat dépasse largement le destin d'un homme et d'un régime pour
conserver le présent et l'avenir de tout un pays et de ces habitants.

En définissant les nouvelles règles du jeu démocratique qui ne peuvent plus être des règles
octroyés, seul la conférence nationale souveraine nous permettra de jeter les bases d'un
nouveau contrat social, nous révèlera le projet de société à servir, le chemin à prendre, le
profil du dirigeant politique de cette nouvelle période historique.

La conférence nationale nous engagera aussi bien devant notre peuple que devant le
monde à renoncer définitivement aux mauvaises habitudes de notre passé postcolonial
récent, à respecter désormais le patrimoine public, la séparation des pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire, le droit de l'homme et les libertés démocratiques, de même que les
espaces de libertés que nos populations se seront aménagé à travers leurs associations
respectives. »

En conclusion une conférence nationale, -qui ne doit pas être un endroit de règlement
de comptes ni un tribunal populaire nous donnera l’occasion pour une fois de parler
sincèrement à cœur ouvert des difficultés qui bloquent notre vie publique, l’exemple de
l’Afrique du Sud est là pour nous instruire.

Cela nous donnera l’opportunité de poser les bases d’une nouvelle citoyenneté guinéenne
dans le cadre d’un nouveau Pacte social, sans pourtant renier nos identités ethno-régionales

qui constituent notre richesse commune.

Vive une Guinée unie et prospère.

Dr. B. Diakité.

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