Des cartes d'identité pour un fichier sur mesure

Après une élection présidentielle chaotique, la Guinée s'apprête à revivre une épreuve dans la difficile voie de la démocratisation. En dépit de beaucoup d'efforts fournis, les positions du pouvoir et de l'opposition politique semblent être inconciliables.

En réalité, le gouvernement est imperturbable dans l'exécution de son schéma lui permettant de contrôler tout le processus électoral en vue de se donner une large majorité (celle des deux tiers) dans la prochaine Assemblée Nationale. Pour ce faire, le pouvoir en place a fait venir des cartes d'identité qui comportent des informations incomplètes. Des données telles que la couleur des yeux, la taille n'y figurent pas. La nouvelle carte d'identité, importée pour définir le corps électoral à la guise du pouvoir, reprend en fait les mêmes informations contenues sur la carte électorale établie à l'occasion de la dernière élection présidentielle.

La réalité est que la Société Way-Mark, qui a été a été intégrée d'autorité par le pouvoir dans le processus électoral a réussi à transférer une partie des informations stockées dans les machines SAGEM dans ses propres machines. Il s'agit pour le pouvoir d'élaborer un fichier électoral amputé d'une bonne partie des électeurs des partis adverses. Ainsi, la nouvelle carte dont la distribution sera sélective sera exigée en plus de la carte d'électeur le jour du vote.
Toute cette opération vise à atteindre principalement Quatre objectifs. Le premier consiste à organiser des élections sans l'opposition même si le taux de participation demeure faible. Pour se donner bonne conscience, le pouvoir prend l'exemple sur les élections législatives de 1997 au Mali et celles récemment organisées au Gabon. Toutes deux ont connu une faible participation du corps électoral. Le deuxième consiste à obtenir une majorité de 75% au moins dans la prochaine Assemblée Nationale. Le troisième consiste à faire de Mohamed Diané, l'actuel Directeur de Cabinet à la Présidence, le futur Président de l'Assemblée Nationale. Et le quatrième consiste à ne reconnaitre aucune existence légale à tous les partis politiques qui ne seraient pas représentés dans la future Assemblée Nationale, comme l'a déjà laissé entendre le Ministre de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation.

Par ailleurs, sur fond de tensions ethniques qu'il continue à exacerber, le pouvoir jette les bases d'un régime totalitaire et répressif. Il a politisé à outrance l'Administration au point que l'appareil d'Etat s'assimile de plus en plus au RPG. Il envisage de réformer la Gendarmerie et la police en vue de faire de la première un instrument de répression et de la seconde un instrument d'information. Tout ceci, uniquement pour asseoir un pouvoir sans partage du « Professeur » Alpha Condé.

La rédaction du site << leguepard.net >>





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