La France soutient-elle les rebelles touareg?

Depuis la fin du mois de janvier, le Mali doit faire face aux attaques de la rébellion touarègue. La position de la France sur le conflit malien ne manque pas d’ambiguïtés.

La position de la France sur le conflit malien ne manque pas d’ambiguïtés. Oui, martèle le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, l’unité du Mali ne saurait souffrir d’une quelconque partition. C’est clair et net. Cependant, dans le même temps, il en appelle au dialogue entre le gouvernement malien et les irrédentistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Au-delà de la légitimité de l’usage de la force pour rétablir l’intégrité du territoire national, le Mali se trouve face à un adversaire impitoyable. Les exécutions de soldats par le MNLA défient toutes les règles de la guerre et on se demande comment on peut négocier avec de tels individus. Sans compter que le MNLA pose un problème de fond que Henri de Raincourt trouve lui-même inacceptable: la scission du Mali.

Bref, dans tous les cas de figure, les rebelles ne laissent pas le choix à Bamako, que d’agir. Et cela s’entend avant tout, par la modification du rapport de force, à travers une restauration entière et pleine de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire. On ne va pas à la rencontre de rebelles d’un autre âge, la fleur au bout fusil. Sans pour autant être des boutefeux ou des apologistes de la guerre, on voit mal comment le gouvernement malien, dans la situation actuelle, peut raisonner le MNLA.

Certes, l’idéal est que ce conflit prenne fin immédiatement, sans qu’aucun coup de feu ne soit à nouveau tiré. Ce seront autant de vies humaines épargnées. Mais hélas, il ne faut pas rêver. Survoltés par leur percée militaire, les séparatistes se croient au bout de leur quête d’un Etat indépendant.

De son côté, l’Etat malien, humilié par la prise de certaines villes, la fuite de ses soldats et l’exécution sommaire de certains d’entre eux, n’a d’autre alternative que de redorer le blason de son armée. Cette sorte de légitime défense passe inéluctablement par une reconquête du terrain perdu. Après cela seulement, des discussions peuvent éventuellement être engagées. Encore que la question de l’intégrité du territoire restera comme une ligne rouge à ne pas franchir.
Enrayer le terrorisme islamiste

De quelle négociation parle alors la France ? Visiblement, Paris semble se préoccuper de la sécurité de ses ressortissants pris en otage par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dont la vie peut être mise en danger en cas d’affrontements. Il est tout à fait légitime pour un pays de se soucier du sort de ses citoyens pris dans les mailles du terrorisme.

Mais pour Bamako, il est clair que cette question des otages vient dorénavant en second plan, face à la gravité de la nouvelle donne qu’est la rébellion armée. Et puis, si une offensive des forces régulières peut permettre d’enrayer également le terrorisme islamiste, autant y aller. Ce serait faire d’une pierre, deux coups.

La France et tous les pays épris de paix, de justice et de démocratie ne devraient donc pas un seul instant hésiter à donner un coup de main aux autorités maliennes. Il n’y a pas lieu de transiger. D’autant que c’est le reproche qui a toujours été fait au président Amadou Toumani Touré (ATT), avec l’accusation faite au Mali d’être le maillon faible de la lutte contre l’extrémisme islamiste dans la bande sahélo-saharienne.

On ne peut pas dire que ATT est un va-t-en-guerre. Face à l’adversité, même armée, il a toujours fait preuve d’un flegme que certains ont vite assimilé à de la faiblesse. Cette fois-ci, apparemment, le Général est à bout de patience. Comme pour dire, à l’instar de la Bible (Ecclésiastes 3 : 8) qu’il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix.

Mahorou Kanazoe (Le Pays)

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