M. Sidya Touré s’exprime sur le dialogue politique en Guinée

« Nous savons aujourd'hui que le fait de ne pas avoir ces élections est devenu un handicap majeur pour un certain nombre de choses. Mais, je dois vous dire franchement que le handicap le plus important que la Guinée a, ce n'est pas l'absence d'élections, c'est d'avoir un gouvernement qui ne fonctionne pas. C'est ça la réalité ».
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A la faveur de la question d'un journaliste qui s'est demandé si l'opposition va accepter les résultats du dialogue inclusif, le Président de l'UFR(Union des Forces Républicaines), M. Sidya Touré n'est pas allé du dos de la cuillère. Il a affirmé que tout au long de cette conférence de presse, les orateurs ont expliqué les modalités de ce qu'on peut appeler médiation mais qui, en réalité, n'en n'est pas une.
Vous savez, on n'aurait pas dû être dans la situation dans laquelle nous nous débattons aujourd'hui.
Nous qui avons été responsables d'un Etat, nous nous demandons quel intérêt ce gouvernement a à faire trainer les choses et à créer tous les jours de nouveaux problèmes pour que cette transition ne finisse pas. Moi, je n'en vois vraiment pas.


Nous savons aujourd'hui que le fait de ne pas avoir ces élections est devenu un handicap majeur pour un certain nombre de choses. Mais, je dois vous dire franchement que le handicap le plus important que la Guinée a, ce n'est pas l'absence d'élections, c'est d'avoir un gouvernement qui ne fonctionne pas. C'est ça la réalité.


Au mois de mars 2011, il y a eu un séminaire sur le processus électoral organisé à Kindia par la CENI, avec le PNUD, l'Ambassade de France, les Partis politiques… tout le monde était là. On a examiné ce qu'on devait faire pour élaborer un chronogramme pour aller rapidement aux élections. Dès que le gouvernement a eu vent de cela, les problèmes ont commencé.

En fait, au cours de ce séminaire de Kindia on a dit qu'on peut critiquer le fichier, mais sur les 4 millions et quelques électeurs recensés, 3.800.000 l'ont été correctement. 460.000 ont eu des cartes Alpha numériques, il faut maintenant leur donner des cartes biométriques. Ensuite nous allons passer à l'opération de révision qui consiste à inscrire sur la liste ceux qui ont déjà eu 18 ans, à en sortir ceux qui sont décédés, à corriger le cas de ceux qui se sont déplacés. Et on aurait fini avec le fichier ! Le problème était donc résolu.


Mais dès qu'on a appris cela, les problèmes se sont multipliés.
On a tout de suite tenté de transférer les attributions de la CENI au ministère de l'Administration du territoire, on a commencé à demander à Way-Marck de lancer rapidement l'opération de recensement. En ce qui le concerne, le ministère de l'Administration du territoire a commencé à faire des déclarations annonçant un recensement intégral des électeurs. Or, la loi ne prévoit pas tout ça.
Le fichier est une propriété de la Guinée. Dire donc que nous n'avons pas le Code, c'est une escroquerie intellectuelle.


Parce que le fichier était là, il était disponible, à la CENI.
La presse a même été entrainée dans cette contre vérité pour affirmer que ‘'la Guinée n'a pas le Code''. C'était des histoires.
Il est vrai que nous avons à faire à des gens qui ont l'habitude de la fabulation. Ça c'est le propre du RPG. Nous avons connu cela. Moi, j'ai fait 12 ans avec eux dans l'opposition. Avec le RPG, tous les jours on vous invente une histoire nouvelle. Nous avions quelque chose de très simple…
Franchement, il faut qu'on se dise les choses telles qu'elles sont.


Je souhaiterais que vous qui êtes les représentants de la presse, que vous soyiez bien informés de la réalité des faits, mais également que vous baigniez dans l'environnement qu'on nous a artificiellement créé pour dire qu'il y a un problème sur les élections en Guinée.
Bien sûr qu'il y en aura si vous commencez par changer la loi, vous commencez par dire nous allons faire un recensement intégral au lieu d'une révision.


Le premier recensement, on pensait qu'on allait pouvoir le faire en six mois, on l'a fait en un an et demi.
Vous allez amener une société sud-africaine que personne ne connait, sans appel d'offres.Vous venez avec 2050 kits alors que les kits de la SAGEM qui ont été mis en place sur appel d'offres, avec notre accord à tous, sont là et qu'il fallait simplement les renforcer. Tout cela c'est des problèmes.
A propos du dialogue inclusif, Sidya Touré a fustigé le comportement de la fameuse médiation . Une médiation qui, au lieu de rapprocher les points de vue des différents groupes en présence autour de la table, s'est contentée de noter les divergences qu'on connaissait avant. ‘'Donc comment voulez-vous présenter les résultats d'un dialogue ?
En réalité il n'y a pas eu de dialogue. Nous sommes allés dans la salle et chacun a indiqué quelles étaient ses positions''.


Et le Président de l'UFR, d'ajouté : « aujourd'hui, ce qu'on peut vous dire, c'est qu'on a constaté que les divergences étaient là et qu'aucune solution n'est envisagée pour rapprocher les points de vue.
« Le dernier point sur lequel nous sommes actuellement accrochés, c'est celui de la CENI. Mais tous les autres points que devaient être traités au cours de ce dialogue n'ont pas trouvé de solutions. Certains n'ont même pas été évoqués.


Je parlais tantôt du fichier électoral, mais il en est de même du problème des Conseils communaux et de la liberté de circulation des Partis politiques.
Tous trois ici (Sidya, Cellou et Kouyaté Ndlr) nous avons été contrés là où nous avons été, dans les préfectures.


Chaque fois que vous voulez faire un meeting, vous avez la police, la Gendarmerie, la FOSSEPEL qui viennent vous dire non, on ne peut pas faire de rassemblement ! Tout cela fait partie de ce qu'on devait solutionner. Mais au dialogue, on n'en parle pas.
Donc aujourd'hui nous sommes arrivés à un point où réellement on doit dire que nous avons discuté pendant trois semaines, et nous avons fait le constat que nous n'avons pas d'accord sur ces questions là, parce que la médiation ne joue pas son rôle.
Et à la dernière minute on nous apprend que Way-Marck qui était partie est revenue s'installer à la Villa 23 de la Cité des Nations… Nous prenons cela très au sérieux, parce que les 2050 kits que cette société a amenés, nous ne savons pas comment ils sont paramétrés.
Car les mêmes individus qui ont fait le 1er et le 2ème tours de la Présidentielle sont encore là. A l'époque on a eu des ordinaires qui ont miraculeusement disparu des locaux de la CENI. Nous sommes encore dans les mêmes histoires. Donc nous disons que pour le moment on n'a pas de solution.
Mais il ne faut s'imaginer que nous allons continuer à parler comme cela en l'air. Ce n'est pas possible.
On a évoqué tantôt le problème de la CENI. On n'a pas insisté sur un problème, celui des démembrements de celle-ci.


Or, 80% du corps électoral se trouve en dehors de Conakry. A l'intérieur du pays, vous avez les CEPI, les CESPI et les CECI. Ce sont ces structures qui gèrent le processus électoral.
On les a remplacées. Sous prétexte qu'on veut faire des économies, là où il y avait dix personnes on dit qu'il faut réduire le nombre à 6, et on s'arrange à ce que les quatre qui représentaient l'opposition soient exclus et on dit qu'on a restructuré les démembrements de la CENI.
Au niveau des Collectivités décentralisées où on a mis des Délégations spéciales, c'est au même cinéma qu'on a assisté.


Voilà pourquoi on est en colère sur un certain nombre de choses.
Je n'arrête pas de donner le cas de ma circonscription, à Boffa. Ce sont des chiffres, il faut les retenir. 70 mille électeurs, 52 mille votants au 1er tour de la Présidentielle. L'UFR arrive en tête avec 36 mille voix, je n'en sait plus, Cellou Dalein vient 2ème, Kouyaté est 3ème . Le RPG arrive en 6ème position avec 616 voix sur les 52 mille électeurs. Aujourd'hui, la Commune de Boffa est gérée par le RPG. On a destitué les élus de l'UFR et puis on a mis des hommes du RPG à la place.
Et on vient nous dire qu'il ne faut pas exiger la réhabilitation du Conseil destitué.
Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse dans ces conditions. Et c'est la même chose dans les sous-préfectures…


Vous allez dans les CRD aujourd'hui, l'opposition n'a plus de représentants. Dans des endroits où le RPG n'a jamais gagné une élection, vous avez des dirigeants uniquement du RPG, alors que, du point de vue de la population électorale, ses forces ne représentant même pas 2%.
Comment voulez-vous qu'on organise des élections dans ces conditions. Ce sont là des situations qui ont été créées artificiellement, mais volontairement, parce que c'est leurs habitudes.
Et tout d'un coup on dit, oui, il faut faire les élections, nous on est pressé, c'est l'opposition qui ne veut pas aller aux élections. Mais quelles élections ?


Ce sont les démembrements de la CENI qui doivent nommer les Présidents des Bureaux de vote, c'est eux qui vont nommer les scrutateurs, c'est eux qui vont centraliser les résultats, c'est eux qui vont transporter les résultats de la sous-préfecture à la Préfecture.
Si vous laissez tout ceci entre les mains du RPG, comment voulez-vous dire qu'on va aux élections ?
On ne va pas aux élections dans ces conditions là.
Mais quand on dit qu'on ne va pas aux élections, attention, je ne veux pas qu'on aille raconter que l'opposition a dit qu'elle boycottera les législatives. On ne boycottera rien. Mais il n'y aura pas d'élections.
Donc il faut qu'on s'entende bien. Nous représentons près de 70% du corps électoral de ce pays. Il n'ya pas de raison qu'on nous raconte n'importe quoi pour qu'on aille aux élections. Non, ça ne se fera pas. Donc pour le moment le dialogue ne va nulle part, parce qu'en réalité, il n'a jamais été question de dialogue. Mgr Gomez se promène entre nous, il recueille les opinions des uns et des autres et il s'imagine que nous allons accepter les décisions qui vont être prises, je ne sais où.
Le dialogue n'est donc pas fait. Il serait bien que les uns et les autres comprennent de quoi il s'agit et pourquoi tout ceci à l'heure actuelle parce que certains veulent proclamer des résultats qui n'ont rien à voir avec la réalité du corps électoral. C'est ça qui est inacceptable » a averti Sidya Touré.

Cellule Com UFR








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