GUINEE: A qui profite la violence ?

Depuis l’élection du président Alpha Condé, il ne se passe pas un jour sans que la violence politique ne soit au rendez-vous en Guinée. Et les événements semblent avoir pris une tournure exceptionnelle depuis que l’organisation des législatives est devenue une véritable arlésienne. Pour preuve, chaque fois programmées, les législatives tant attendues par l’ensemble de la classe politique ont plusieurs fois été reportées, si fait que d’aucuns en viennent parfois à mettre en doute la bonne foi du président Condé. Mais on croyait que toutes ces chamailleries politiques relevaient désormais du passé depuis que le président Condé avait annoncé sa volonté de voir organisées les législatives avant la fin de l’année 2012 et ce, après qu’un modus vivendi a été trouvé sur un certain nombre de points qui achoppaient, notamment la révision du fichier électoral et la composition de la CENI. Et c’est au moment où l’on se félicitait de ces avancées que s’est encore produit du grabuge. En effet, le 21 septembre dernier, alors que les partisans de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) s’étaient retrouvés au siège du parti à Commandamyah, autour de leur leader, Cellou Dalein Diallo, ils ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par des forces de sécurité. Que s’est-il passé pour qu’une manifestation pacifique dégénère au point d’occasionner des pertes en vies humaines et une quarantaine de blessés ? Une violence inutile qui, à la vérité, ne profite à personne, pas même à ses auteurs. Le président Condé qui s’est affublé du titre de ministre de la Défense, contrôle-t-il réellement la situation, lui qui claironnait à qui voulait l’entendre que plus jamais on ne verrait encore un soldat dans la rue en Guinée ? En tout cas, il a intérêt à ce que soient jugés et sanctionnés les auteurs de ces violences si tant est qu’il ne veuille pas être comptable de cette situation. Cela, d’autant que ces violences quotidiennes desservent son régime. C’est sans doute après avoir mesuré la gravité de la situation que le président Condé qu’on dit habituellement autiste a décidé de s’adresser à la nation, appelant solennellement ses compatriotes au calme et à la retenue. N’est-ce pas appliquer un cautère sur une jambe de bois que d’envoyer le chef du gouvernement présenter des condoléances à la famille éplorée si l’on sait bien que cela ne ramènera guère à la vie le regretté ? Il aurait fallu agir en amont en faisant en sorte que ces soldats d’opérette qui ont la gâchette facile ne tirent jamais sur un manifestant comme un lapin.

Boundi OUOBA

Source: Les Editions Le Pays(Faso)

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