Dr Faya Millimono : « Nous menaçons les intérêts de certains, voilà pourquoi on veut mettre des bâtons dans nos roues »

Guinéenews© : Selon vous, pour quelle raison, le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation a-t-il refusé de donner un agrément à votre parti politique, le Bloc Libéral (BL) ?

Dr Faya Millimono : Nous avons soumis comme la loi nous le recommande le dossier depuis le 21 septembre dernier. Depuis lors, nous nous sommes rendus disponibles pour travailler avec le ministère de l’administration du territoire à l’examen du dossier. Tous les examens contradictoires qu’ils ont demandés même quand la loi ne le demandait pas, nous nous sommes exécutés par pure expression de bonne volonté. Pendant les trois mois, c’est comme ça que nous avons travaillé avec le ministère notamment avec le directeur national des libertés publiques. Alors, le jour J, on s’attendait qu’une réponse nous soit donnée. Mais, comme il est de coutume sous la gouvernance du professeur Alpha Condé, on traite les citoyens avec mépris. Parce que le 21 décembre dernier, le directeur national des libertés publiques a dit qu’ils ont fini le travail technique, qu’ils ont fait la recommandation et que le ministre n’était pas là, donc peut-être que l’arrêté va être signé le 21 décembre. Ce jour, nous avons envoyé une délégation de trois personnes. Ces trois personnes ont été retardées pendant trois heures avant d’être reçues finalement par le directeur national des libertés publiques qui a remis à chacun une copie de la nouvelle charte des partis politiques. Curieusement, il ne connaissait pas que cette charte existait. C’est moi qui le lui ai dit que cette charte existe. Maintenant, dans les copies qu’il a données à nos émissaires, il a falsifié certains passages de la loi. Parce que lorsque vous lisez la loi adoptée par le CNT, à l’article 17, dernier alinéa, il est dit que : « le refus du ministre équivaut à un refus fatidique ». Il a enlevé cette partie. L’article 18 signifie qu’en cas de refus, un recours auprès de la Cour suprême est possible dans les deux mois qui suivent la notification du refus ou l’expiration de la date du délai légal prévu à l’article 14. Qu’est ce qu’il a fait également, il a gommé la partie qui dit : ou l’expiration de la date du délai légal prévu à l’article 14. » Donc, on a senti qu’il y a la mauvaise volonté. Surtout, le directeur général des libertés publiques a été capable d’acte illégal. Parce que la falsification de la loi est un acte illégal, un crime. Et nous sommes en train d’examiner cette possibilité avec notre avocat pour le poursuivre en justice parce qu’il est avant tout un administrateur de la fonction publique. S’il l’a fait, c’est pour nous induire en erreur. Donc, je ne peux pas vous dire exactement aujourd’hui, quelle est la raison véritable, si ce n’est pas un manque de volonté, une maladresse de la part d’une administration qui a peur de tout ce qui bouge autour d‘elle.

Guinéenews© : Ne pensez-vous pas que ce refus ne serait-il pas lié au fait que Faya Millimono a un regard trop critique envers les actions du gouvernement ?

Dr Faya Millimono : Un gouvernement n’est pas sensé agir en fonction de la peur qu’il peut avoir envers un citoyen qui est critique. D’abord, lorsqu’un citoyen est critique à l’égard de l’action gouvernementale, c’est le citoyen qui veut mieux que le pays marche. Parce qu’en Guinée, on est habitué à la démagogie. Tout le monde vient à côté du président pour avoir quelque chose à manger et sans qu’on ne le dise la vérité. Nous ne cherchons pas de poste, nous ne cherchons pas des avantages. Ce que nous voulons, c’est qu’il travaille correctement dans l’intérêt du peuple. C’est pour cela, nous faisons des critiques objectives de son action. Alors, si cela doit lui faire peur, nous ne comprenons pas pourquoi, il devait avoir peur ? Dans tous les cas, la loi ne prévoit pas que la peur du président ou du gouvernement devrait se refléter dans la manière d’agir au regard de la loi.

Guinéenews© : L’opposition guinéenne a introduit un recours d’annulation à la Cour suprême. Jusqu’à présent, elle est sans suite. Vous aussi, vous menacez d’introduire un recours. Et s’il n’aboutissait pas, que feriez-vous ?

Dr Faya Millimono : Nous attendons utiliser tous les moyens légaux. D’abord, la loi dit : qu’en cas de refus, un recours auprès de la Cour suprême est possible dans les deux mois qui suivent. Nous nous sommes réunis en conseil national. Nous avons examiné la question. Les amis qui sont à l’étranger se sont réunis. Ceux de Paris, de Washington, du Canada, se sont réunis, ils nous ont envoyé leurs recommandations. En tout cas, nous nous sommes concertés, nous avons retenu que : puisqu’ils ont simplement ignoré que nous avons déposé une demande, nous allons, encore une fois par bonne volonté, écrire une lettre à monsieur le ministre de l’administration du territoire pour lui demander de nous répondre par écrit comme la loi le lui demande. Au moment où nous parlons, une délégation de notre parti est en route pour le ministère de l’administration du Territoire pour faire enregistrer cette lettre. Et le mercredi, nous allons avec tous les éléments du dossier soumettre nos prétextes à la Cour suprême. Nous savons que la loi prévoit qu’une telle requête soumise à la Cour suprême donne dix jours à cette Cour pour se prononcer. Donc, on se dit qu’en soumettant la requête à la Cour suprême le 27 décembre, on peut s’attendre à une réponse dans les dix premiers jours du mois de janvier. Cela nous permettra de savoir sur quel pied, il faut danser. De toutes les façons, au BL, nous sommes sereins, nous gardons notre calme. Nous savons que nous nous sommes formés pour lutter contre la violation des droits du Guinéen. Ça ne nous étonne pas que nous mêmes, nous soyons victimes par des violations de nos droits. Plutôt que de nous décourager, ça nous permet de réaliser l’ampleur du défi que nous avons à relever pour faire respecter les droits les plus élémentaires du Guinéen. Nous n’entendons pas reculer. Le BL est constitué de Guinéens qui en ont le droit et qui ont pris tous leur temps à constituer un dossier. (…) Encore une fois, nous gardons notre sérénité, notre calme et nous attendons aller jusqu’au bout parce que le BL vient sur le terrain politique pour faire la politique autrement dans notre pays. Pour unir les Guinéens, établir la justice et créer la prospérité pour tous. Il y a des gens qui sont menacés par ça. L’incompétence a toujours été à l’origine de l’enfermement des gens dans des coquilles claniques, ethniques et régionales. Au BL, nous mettons en avant l’unité des Guinéens, le mérite sera au cœur de nos choix… Donc, il y a des intérêts de certaines personnes qui sont menacées par ça. C’est pour cela, ils veulent mettre des bâtons dans nos roues, mais nous n’allons pas nous laisser faire.

Source : http://www.guineenews.org

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