Lettres aux démocrates guinéens. Par Mamadi Dioubaté

Mes soeurs et frères de Guinée si nous ne levons pas pour dénoncer la gestion patrimoniale et le népotisme du président Alpha Condé il sera trop tard.

Les hommes de ma génération sont nés dans un climat de mobilisation générale pour l’indépendance des anciennes colonies françaises,c’était la fin de la guerre d’Indochine et le début de l’insurrection des autochtones algériens contre la politique coloniale française.

Pour nous l’indépendance était une aubaine car les fils de nos différents pays prenaient en main les destinées des nouveaux états.

La Guinée premier pays francophone à devenir indépendant engendrait ainsi un énorme espoir pour ma génération qui aurait dû récolter les fruits de cet acte immense car l’indépendance fut saluée à l’époque par les deux grandes puissances qui étaient toutes les deux anti colonialistes.

Nous étions enthousiastes et fières de notre pays et de nos jeunes dirigeants et d’ailleurs les jeunes de ma génération et moi même étions en première ligne lors du défilé à l’arrivée des presidents Houphouët et Modibo mais aussi de tous les autres chefs d’état dans notre belle cité accueillante de Kankan.

Patatras il y eut la loi cadre du 08Novembre1964 après la grève des enseignants au cours de la quelle les premiers signes d’une dictature stalienne se dessinaient.

Mon idole à cette époque était Koumandjan Kéïta secrétaire général du syndicat des enseignants.

C’était un homme intègre et qui n’a voulu d’aucune compromission avec le pouvoir,pourtant il aurait pu le faire car plusieurs militants de son syndicat se sont ralliés et ont même pris du galon au sein du PDG.

Le durcissement du régime a plongé sur la route de l’exil plus d’un quart de la population.

Les pays comme le Mali,la Côte d’Ivoire,le Sénégal etc...sont les principaux foyers d’accueil de nos compatriotes.

Dans notre pays des personnes respectables et respectées ont été pendues,fusillées,humiliées etc...

Aussi nous manquions de tout et ne pouvions nous associer librement, car cela doit se faire dans le cadre du parti omniprésent dans notre quotidien, en ayant droit de mort et de vie sur chaque individu.

Pour sortir du pays il fallait marcher plusieurs kms surtout lorsqu’on était étudiant ou fonctionnaire cela pourrait vous amener dans les prisons les plus dures du pays.

Ce rappel chers compatriotes pour montrer que tout cela est oublié actuellement car le stalinisme est de retour avec le pouvoir du professeur Alpha Condé.

La période militaire qui a succedé au PDG a brillé de manière tellement médiocre croyant qu’en tuant leurs frères, ils perpétueraient leur pouvoir car ce qui les intéressait c’était leur petit plaisir et non le bonheur de nos concitoyens.

Le système Conté s’est manifesté par la gabegie et la destruction de notre tissu économique social aidé en cela par des politiciens en mal de sensation utilisant l’ethno-stratégie comme moyen de regrouper sur leur personne les citoyens appartenant à leur ethnie.

Le guinéen à travers son premier ministre fut humilié une fois encore avec l’exposition en sleep de ce dernier,je voudrais parler du colonel Diara Traoré.

Ensuite lors de la manifestation en 2006-2007 deux cents jeunes militants de la démocratie sont tombés,exécutés dans la rue par les militaires du général Conté Lansana.

L’épisode Dadis Camara

A la mort du général nous avons encore pensé que c’était le bout du tunnel comme nous l’avions pensé à la mort du président Ahmed Sékou Touré.

Un groupe de militaires sous la houlette d’un capitaine fougueux à la suite d’un coup d’état s’est accaparé du pouvoir dans notre pays courtcircuitant ainsi la classe mafieuse qui pensait se mettre dans le fauteuil du dictateur disparu.

J’ai téléphoné en Guinée pour savoir l’avis sur cet acte ,certains si non la plupart de ceux auxquels je m’étais adressé approuvait cette action car pour eux nous ne pouvions pas abandonner notre pays aux mains des prédateurs.

Toujours méfiant envers les régimes militaires je me suis dit: «wait and see».

Durant les vacances de Pâques 2008 je me suis rendu au pays pour constater sur place le système Dadis.

Je fus témoin de l’intervention du capitaine Dadis à la bourse du travail à Boulbinet.

Dans une ambiance digne des grands moments du PDG,le capitaine en transe fustigea l’opposition politique et la défia en déclarant de se présenter aux futurs élections présidentielles.

Ce discours était fait pour faire peur à la classe politique afin de mettre la main sur le pays.

Je connaissais un peu le capitaine Dadis à travers Souaré et Sékou Souapé dans les années 1991 ,il était très plongé dans les tomes du camarade Ahmed Sékou Touré,adepte de la rhétorique sékoutouréenne.

A boulbinet dès la fin de son discours j’ai téléphoné à Paris pour les alerter de ce qui nous guetter,une aveugle dictature teintée d’un populisme à la hauteur des grandes dictatures africaines se mettait en place dans notre pays.

L’histoire me donna raison car le 28 Septembre de l’année qui suivait ce discours en l’emporte-pièce de Boulbinet dans une salle surchauffée amena les militaires du fameux capitaine à assassiner froidement au stade de la ville plusieurs personnes dont ma propre nièce.

La transition avec le général Konaté

Le regrettable incident intervenu entre le capitaine Dadis et son aide de camp Toumba Diakité,le général Konaté devint président d’une transition agitée avec le forcing de certains ténors politiques pour l’organisation d’une élection présidentielle.

Nous les avons laissé faire par notre incapacité de nous impliquer ,nous avons abandonné notre pays aux vautours qui l’ont bradé à Ouagadougou.

Au pays des hommes intègres,notre souveraineté,notre fierté,notre dignité qui a fait de nous le pays phare des indépendances africaines ont été abandonnées au profit d’une seule personne avec la complicité du ministre des affaires étrangères françaises et nous même.

Tout avait été mis en place pour faire de Alpha Condé le futur président de la Guinée.

J’avais averti à l’époque le président du PEDN en lui disant que malgré l’affaiblissement du RPG,Alpha Condé sera le nouveau président de la Guinée ,aussi au moment du vote qui a coïncidé à l’ accident que j’ai subi je n’ai pas manqué d’avertir les un et les autres sur les dangers des différentes réunions de Ouaga.

Nous avons failli en confiant notre destin à l’étranger c’est à dire à Ouaga.

Alpha Condé faisait la pluie et le beau temps en excluant certains guinéens de la salle à Ouaga car il était un habitué des lieux.

Nous avons failli en confiant la présidence de notre CENI à l’étranger et encore nous avons failli en croyant à l’énorme mensonge des staliniens qui ont répandu la rumeur de l’empoisonnement de leurs militants comme si un vendeur pouvait faire la différence entre leurs militants et les autres.

Nous avons fait preuve d’immaturité en rentrant dans le jeu des staliniens avec un affrontement bête et ignoble entre communauté.

Alpha Condé a réussi à flouer tous les autres leaders en leur faisant croire qu’il était profondément démocrate à Ouaga il était en parfaite accord avec Cellou qu’il traitait comme un garçon poli et respectueux pour l’exécuter plus tard.

Sachant le talent oratoire et la connaissance des dossiers de Lansana Kouyaté il l’a vilipendé en le traînant dans la boue dans toutes ses réunions car il ne voulait pas de concurrence en haute Guinée.

Quant à Papa Koly Kourouma après l’avoir traité de buveur de sang humain sur Africa 24 il l’a approché de lui ,ainsi il devient sa caution pour certaines régions de la Guinée.

J’ai vu la démarche très tôt mais nous sommes un peuple très enthousiaste ce qui fait que nous n’analysons pas les situations en amont et sommes souvent déçus

Chers compatriotes pourquoi consentons - nous à la violence?

Les différents crimes qui ont jalonné notre parcours n’a servi à rien pour nous amener à refuser en bloc la dictature or un pays violent ne peut pas se développer.

Le passé ne prend son sens qu’en fonction du présent et le présent ne prend son sens qu’en fonction de l’avenir.

Alors qu’est ce que l’Avenir?

Eernst Bloch écrivait: «l’homme,le monde qui l’entoure,est une tâche à réaliser».

Tout dans l’existence est en fonction de l’avenir.

Le passé est un champ de souvenir et de nostalgies.

L’avenir est un faisceau de projets,de possibles,d’espérance,de liberté,car nous avons encore à choisir entre des possibles ou à en créer d’autres.

Le présent c’est la frontière entre les deux:le théâtre de la métamorphose.

L’histoire tout entière se révèle oeuvre de liberté.Il suffit pour cela que le présent soit un présent humain.C’est à dire que l’homme y soit présent:présent au sens du don,et au sens de présence.

Les faits, en histoire,c’est ce qui a été fait,et par des hommes.Prendre conscience de cela,c’est d’assumer la pleine responsabilité de notre histoire et de notre avenir.

Car pour défataliser l’avenir,il faut défataliser l’histoire.

Cela mes chers compatriotes pour vous dire d’accepter que nous parlions de notre histoire de manière sereine au cours d’une grande conférence nationale à l’issue de laquelle il faudrait imposer à Monsieur Alpha Condé un gouvernement d’union nationale qui aura la gestion de notre pays jusqu’aux nouvelles élections.

Certains pensent qu’ils ont souffert plus que d’autres dans notre histoire alors parlons-en,cela permettra une sorte d’exorcisme et psychodrame inventé après la deuxième guerre mondiale par le psychologue américain Moreno.

La conférence nationale qui pourrait être un véritable dialogue des différences ne serait possible que si nous acceptons l’autre homme et l’autre culture comme une partie de nous même qui nous habite et qui nous révèle ce qui nous manque.

Par cette action nous découvrirons d’un mouvement ce qui nous manque et ce qui est possible.

Nous trouverions cela ni par un retour à un passé déjà réalisé ni par une évasion dans un ailleurs tout fait.

L’avenir n’est ni le retour dans un âge d’or ni un scénario déjà écrit sans que nous n’aurions qu’à jouer à la manière des marionnettes mises en scènes par les structures.

La politique c’est l’histoire en train de se faire on ne peut pas dire je ne fais pas de politique.

Depuis l’élection de Alpha Condé comme président de notre pays il n’y a que des problèmes:

ces problèmes ne viennent pas seulement de ses adversaires du deuxième tour mais aussi de ses alliés d’hier.

Serait-il intelligent plus que toute la Guinée?

Tous ses alliés l’ont quitté en le laissant avec les opportunistes de tous les bords qui comme d’habitude se greffent à tous les pouvoirs en Guinée pour vivre.

Chaque occasion qui nous a été donnée pour désamorcer la crise ces personnes font tout pour briser l’élan qui pourrait permettre de relancer notre unité nationale.

Nous nous sommes battus pour la démocratie la vraie permettant un débat contradictoire sain,et nous avons accouché d’une nouvelle dictature avec des relents polpotiens.

Alpha Condé a dit que ses militants avaient été empoisonnés par ses adversaires,arrivé au pouvoir sa justice a été incapable de démontrer les preuves de son allégation.

Alpha Condé a inventé une attaque de son domicile le 19 Juillet 2011,il a fait arrêter des jeunes,des femmes,des politiques et des militaires bien avant le 19 Juillet,l’attaque eut lieu malgré ces arrestations d’intimidations.

Une pauvre femme commerçante et ménagère,veuve car son mari Aguibou Diallo est décédé en 2010, est livrée à la meute comme pour briser sa jeune vie aux yeux et aux sus de tous les guinéens.

Des militaires et politiques et simple citoyens sont arrêtés pour refus d’informer.

Tout cela orchestré et animé par un sinistre procureur général qui en a fait son problème personnel.

Des témoins sont assassinés,Madame Badiar non seulement livrée à la meute y a perdu son frère.

Un commissaire usant des mensonges comparables au régime polpotien et criminel en défénestrant Ousmane Coulibaly et en faisant exécuter Ahmadou Diallo est le préposé des basses oeuvres.

Notre peuple assiste à ces exactions résigné comme si cela n’était que des faits normaux.

Chers compatriotes arrêtons notre consentement à la violence car ce que le professeur est en train de cultiver peut atteindre toutes les familles de notre chère Guinée la terre de nos ancêtres.

Le professeur nous administre ses remèdes à petites doses pour tester notre capacité de réaction c’est ce qui l’amène à lancer un décret au moment ou l’opposition s’apprêtait d’entamer avec son gouvernement un dialogue franc pour trouver une solution à la crise qui pénalise notre pays dans son ascension.

L’avocat et l’homme politique français Maximilien Robespierre disait en 1791 ceci: «Dans tout état libre chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier au moindre bruit à la moindre apparence du danger qui la menace...»

C’est le sens que j’ai donné à ma vie depuis le lycée car en vacances je n’ai pas supporté les pendaisons surtout de celui qui avait sa signature sur mon acte de naissance,je voudrais parler de Magassouba Moriba lorsqu’il était au temps colonial Maire de Kankan.

Si nous avions à l’époque dénoncé avec force et vigueur ces attitudes inhumaines nous aurions contribué à faire avancer le respect des Droits humains dans notre pays.

Avant ces pendaisons il y eut les affaires petit Touré,Kaman Fodéba,les militaires Cheik Keïta,M’bengue etc...notre silence en ayant été coupable a permis tous les autres crimes.

En 1985 nous avons encore une fois de plus été coupables dans l’exécution des militaires et des compagnons du président Ahmed Sékou Touré sans jugement cela a conforté le président Conté et l’amena à faire tirer sur les jeunes qui se battaient pour une véritable démocratie dans notre pays.

Nous avons encore accepté cela,aidé en cela par Madame Rabiatou Diallo qui déclara à l’époque que ce n’était pas la personne du président que nous cherchions mais ses ministres corrompus:ce qui veut dire qu’elle a fait échouer notre révolution,actuellement elle sert Alpha Condé au sein d’un CNT organe consentant au bradage de notre économie, nos ressources nationales et cela par une seule personne le président Alpha Condé.

Madame Rabiatou assiste depuis deux ans à l’arbitraire dans notre pays sans se manifester,deux ans des innocents sont privés de leurs familles,de leur mouvement et de tout sans que la communauté guinéenne ne saisisse les multitudes organisations des droits de l’homme existant à travers la planète.

Dans son élan de bafouer notre dignité,notre honneur ,le professeur vient de faire son décret pour les élections législatives le 30 Juin 2013.

Le professeur nous dit que le fichier qui a permis son élection n’était pas bonne si tel est le cas nous ne pouvons le reconnaître comme le président de notre pays,ce qui nous amènera à demander son départ et la nullité de tous les contrats qu’il a signés au nom de notre pays.

Nous demandons à la famille du lieutenant Ousmane Coulibaly et de Ahmadou Diallo de saisir notre association afin de nous permettre de transmettre leur dossier aux tribunaux qui ont compétence universelle.

Nous nous sommes battus pour la démocratie,nous étions les seuls en 1991 à faire des réunions au marché de Madina,et à Boulbinet fief à l’époque des militaires ce qui veut dire que nous n’avons pas peur surtout lorsqu’il s’agit de la terre de nos ancêtres.

Chers compatriotes nous ne devons plus consentir à la violence,nul ne peut nous dispenser de nous interroger sur la définition du crime,et d’être chacun à notre place,et à notre niveau objecteur de conscience.

La conscience c’est ce qui s’objecte toujours, chacun de nous est personnellement responsable.

Le président ne veut pas revenir au fichier qui a permis son élection alors nous demandons son départ du pouvoir tout en réitérant notre revendication c’est à dire notre refus ferme et catégorique sur l’opérateur waymark.

Mes chers compatriotes notre revendication ne doit plus être les élections législatives,elle doit se situer sur le départ du professeur à la tête de notre pays.

Nous vous affirmons chers compatriotes avant de conclure cette lettre qu’il existe une seule ethnie en Guinée :la «Violence teintée par les rentes de situations et regroupant des personnes venant de tous les coins de notre pays.»

Vive la Guinée! vive la république!

A bientôt!

Mamadi Dioubaté








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