Guinée: un atelier de renforcement des capacités des gestionnaires communautaires du foncier

En prélude à l’organisation très prochaine « des états généraux sur le foncier » en Guinée, un atelier de renforcement des capacités des acteurs gestionnaires du foncier a démarré ce lundi à Conakry. Cette activité fait suite à une série d’événements organisés par la plateforme ACORD, en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture et celui de l’urbanisme. Durant deux jours, ces acteurs vont se pencher sur des questions liées au contenu des textes relatifs au fonctionnement des commissions foncières en Guinée.

Pour ce présent atelier, le but est de faire l’état des lieux des commissions mises en place dans les zones minières ; d’informer et de sensibiliser les acteurs sur les initiatives engagées par le gouvernement dans la mise en place des commissions foncières ; faire le partage d’expérience avec les acteurs de la sous-région dans le domaine foncier; et de dégager une démarche commune participative et inclusive de mise en place des commissions foncières rurales en Guinée.

Ils sont environ soixante (60) participants venus des quatre régions naturelles du pays, à savoir la Basse Guinée, la Haute Guinée, la Moyenne Guinée et la Guinée Forestière, d’autres sont venus de la sous-région ouest africaine.

Pour l’organisateur principal de l’évènement, El hadj Macki Bah, Directeur pays d’ACORD et Secrétaire exécutif de la plateforme médiateur, l’initiative est partie d’un plan d’action comprenant une série d’activités, y compris celle rélative à l’opérationnalisation des commissions foncières.

« Les commissions foncières jouent un rôle de médiation et de résolution des conflits au tour des questions foncières dans des différentes localités où elles sont implantées. Mais la grande question qui motive l’organisation de cet atelier, c’est que quand vous prenez les textes, les commissions foncières se situent au niveau des préfectures ou des régions. Et dans ces localités, il est difficile pour ces commissions quand il y a des conflits au niveau communautaire d’intervenir. Or les propriétaires terriens se trouvent dans les communautés ».

« On s’est dit qu’à travers cet atelier, nous allons d’abord rappeler un peu le contenu des textes et des lois. Nous allons échanger l’expérience avec les autres pays tels que le Mali, pour voir comment ils sont parvenus à rendre plus responsables leurs commissions au niveau district et local»

« Quand il y a des conflits de ces terres au niveau local, les premières personnes qui sont victimes, ce sont les communautés. Et cet atelier va nous permettre de faire un état des lieux pour voir si le positionnement de ces commissions foncières au niveau préfectoral ou régional est plus pertinent que de le faire auprès des districts et des villages »

Par ailleurs, l’autre fait qui sera évoqué lors de cet atelier, c’est bien l’accaparement et l’accès difficile des femmes et des jeunes à la terre en milieu rural. A l’issue donc de cet atelier, plusieurs recommandations seront faites en faveur de ces derniers en vue d’intégrer leur cas dans les états généraux qui vont se tenir bientôt.

« La question qui préoccupe beaucoup, c’est l’accès des femmes à la terre. Quand on regarde ce que la loi dit, c’est beaucoup plus focalisé sur les questions de titre foncier au niveau local. On a beaucoup plus d’orientation vers les conventions et les ententes que les communautés signent avec les coutumiers ou avec les propriétaires terriens ».

« Les résultats que nous aurons à l’issue de cet atelier va nous aider à repositionner ces commissions foncières au niveau local. Et à travers les recommandations de l’atelier, nous allons voir comment les intégrer dans les états généraux qui doivent être réalisés dans quelques mois », a indiqué Macki Bah.

Avant de lancer les travaux de l’atelier, le représentant du ministère de l’Agriculture, Jean Luc Fabert, Directeur Général Adjoint du Bureau Stratégie et développement, a d’abord remercié les participants pour le déplacement effectué. Il a ensuite exhorté ces derniers à l’application stricte des lois pour une sécurité alimentaire dans le pays.

« Vous êtes habitués à recevoir des recours liés à la question foncières surtout des conflits domaniaux qui vous sont souvent présentés par les membres de vos communautés ou de vos communes. Les besoins en termes de foncier sont nombreux, car c’est au sein de vos communes qu’il y a des producteurs, que ce soit la production végétale ou animale ».

« Nous avons à répondre aux questions d’insécurité et surtout faire face aux préoccupations du ministère de l’agriculture à répondre à la sécurité alimentaire et nutritionnel des populations guinéennes. Et cela n’est pas possible si nous n’avons pas accès à la terre, c’est-à-dire si nous ne gérons pas la question foncière. C’est pourquoi nous sommes là pour nous approprier de toutes ces questions pour voir les résultats obtenus par les commissions foncières qui ont été mises en place, et comment vous allez répercuter cela dans vos communes», dira Jean Luc Fabert, avant d’ajouter.

« Nous avons besoin de vous et de ce que vous allez apporter, c’est-à-dire de vos expériences, des réalités que vous vivez pour que nous puissions trouver des solutions idoines qui seront partagées lors des états généraux prochains ».

Au nom donc de son ministère, Jean Luc Fabert a déclaré au termes de son allocution l’ouverture officielle des travaux de l’atelier de renforcement des capacités des membres de la plateforme Multi-acteur Guinée et les élus de dix communes de convergences sur le processus de mise en place des commissions foncière en Guinée.

La cérémonie a pris fin par des photos de famille, suivies d’une collation organisée pour les circonstances.

Sylla Youn

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