Autopsie d’un naufrage national et d’un désenchantement démocratique ! (Par Kalifa Gassama Diaby)

Ce pays est une farce, une sinistre farce ! On en rirait presque si cette farce loufoque et généralisée n’engageait pas l’honneur et le destin de tout un peuple. Hélas … » Les gens pourraient apprendre de leurs erreurs s’ils n’étaient pas si occupés à les nier » Carl Gustav Jung Dialogue bloqué, conduite solitaire et martiale de la transition, restrictions arbitraires, indéfinies et continuelles des droits et libertés des citoyens, harcelement et intimidations des acteurs politiques et sociaux considérés comme hostiles au CNRD, arrestations arbitraires, liberté d’expression menacée, liberté de la presse attaquée, accès aux fréquences des médias brouillé, émetteurs radio confisqués, l’accès aux sites d’informations perturbé, menaces de fermeture des médias ( par le gouvernement), l’accès à l’Internet bloqué, manifestations interdites, l’armée réquisitionnée, tentatives de manifestations réprimées, le droit à la vie sacrifié, instrumentalisation et théatralisation outrageuse de la justice, où va la transition guinéenne ? Qui l’eût cru? Décidément se jouer de l’avenir et des besoins démocratiques d’un peuple,avec des complicités politiques, sociales et intellectuelles, est devenu une triste une marque de fabrique dans ce pays. Nous sommes bien dans le pays de l’absurde et du perpétuel recommencement ! Quand est ce que nos gouvernants respecteront leur peuple, leurs paroles et leurs engagements, et comprendront que les normes sont faites pour être respectées et pas pour habiller leurs caprices de puissants ? Quand est ce que l’élite guinéenne sortira de sa torpeur et de sa complaisante compromission morale et intellectuelle ? Quand est ce que dans ce pays sortirions nous de la tentation « totalitaire » récurrente, des manoeuvres stériles et de la politique politicienne de mauvais goût ? Comme si notre pays avait ce luxe coûteux de jouer contre l’évidence et la réalité misérable et alienante qui étreignent déjà ce peuple…? Quand comprendrions nous dans ce pays que la vérité des principes est têtue, que nulle volonté aussi puissante soit elle ne saurait l’enssevelir durablement ? Nous chantons à longueur de temps la paix, pourtant nulle volonté politique réelle n’accompagne, et n’a jamais accompagné ce besoin impératif pour notre pays! Je parle d’une juste paix et non d’une paix injuste qui ferait taire les peines, les douleurs et les souffrances des citoyens ! Nous convoquons la démocratie à tout bout de champ, alors même que les règles les plus élémentaires de celle ci peinent à se faire respecter sous nos cieux, à cause de la volonté manifeste et habituelle de nos dirigeants à vouloir toujours régner en maîtres absolus sur les desirs démocratiques, les droits et la vie des citoyens, faisant ainsi de nos lois et de nos engagements internationaux comme bon leur semble. Dans quel pays saint, on constate autant d’injustices commises, autant d’humiliations causées, autant de misères vécues, autant de légèretés, et le peuple vague tristement et désespérément à ses occupations, s’il n est pas occupé à jouer aux spectateurs impuissants et nihilistes. Pauvre Guinée…! On ne peut pas servir et défendre un peuple qu’on n’aime pas et ne respecte pas plus que soi-même, et dont on ne place pas les intérêts au dessus des siens ! – UNE CRISE MORALE PROFONDE QUI NOUS DETRUIT De toutes les crises qui hantent notre pays, la crise morale reste la plus forte, la plus profonde et la plus dévastatrice. Elle touche toutes les strates, toutes les composantes de la vie de ce pays. Elle est le cancer de notre pays. Elle est le poison inoculé à ce peuple et à ses élites. Aucune institution, aucune structure, aucune organisation, étatique, politique, social, civil n’y échappe. Nous sommes un pays en manque de socle morale et en décomposition profonde, qui se contente d’exister sans avancer, de se mouvoir sans grandir. Nous sommes un pays agonisant, tant nos rêves semblent inateignables. A force de mensonges et de dénis de réalité, nous avons réussi à faire de la vérité un péché intolérable dans ce pays et de nos mensonges des promesses sans lendemain. A force de lâchetés, nous présentons nos démissions morales et intellectuelles comme l’expression d’un patriotisme et d’un pragmatisme incarnés. Foutaise ! Un pays qui a été transformé en une jungle, où chacun travaille en réalité pour soi, son clan et les intérêts ssinguliers y afférents. Peu importe si le peuple n’a pas de quoi manger, ni se soigner. Peu importe si la jeunesse n’a pas de travail digne de nom, encore moins de formations de qualité. Une jeunesse abandonnée à elle même dans une profonde détresse. Peu importe si nos droits et libertés sont sacrifiés. Peu importe si nous avons un peuple en miette, manipulable et achetable à souhait, qui baigne dans une marée de haines diffuses et d’oisiveté suicidaire. A suivre..

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