Affaire Nafissatou Diallo vs DSK: Les langues se délient pour ne rien dire. Par Binta Ann

Depuis quelques jours, nous sommes envahis par cette tumultueuse affaire dans les medias, les
bureaux, les marchés et un peu partout. Chacun de nous est devenu expert en commentaires judicaires.
Ce qui est dommage dans cette affaire, c’est de voir certains de nos compatriotes guinéens se comporter
sordidement en utilisant l’ethnie ou l’affiliation politique en oubliant objectivement ce qui est en jeu: la vie
de deux personnes.
Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt l’interview que notre compatriote Madame Doussou Condé a
accordée à un site ivoirien « Ivoire TV.net » où elle dit, je cite : « j’ai honte d’être guinéenne à cause des
mensonges de Nafissatou…. et je compatie à la douleur de Anne St-claire… Nafissatou n’est pas une
fille de tel standing que les hommes politiques de cette classe peuvent utiliser… » Fin de citation.
Nous respectons le droit et la liberté de parole de chacun mais la seule chose que nous estimons
intolérable, c’est l’incitation à la haine et le manque de respect aux femmes. Si Madame Doussou a les
preuves de ce qu’elle avance sur Nafissatou Diallo, pourquoi ne pas collaborer avec la justice et la
NYPD, la police new yorkaise qu’elle connait si bien à cause de ses démêlées avec d’autres
compatriotes.
Quand Madame Doussou Condé nous a contactés l’année dernière pour l’interviewer parce que, selon
elle, un homme politique guinéen l’aurait agressé dans une chambre d’hôtel de New York, nous avions
personnellement compati à sa douleur. Nous ne l’avions pas jugée, pas critiquée, pas insultée encore
moins incriminée. Alors, si aujourd’hui elle parle de montage sur le cas NAFISSATOU, allez comprendre
ce qu’elle a voulu faire à ce politicien guinéen.
Même si son histoire ne paraissait pas crédible, nous l’avions tout de même écoutée et apportée notre
soutien moral. Cette fois-ci, nous ne lui demandons pas de faire la même chose à notre compatriote, de
tendre la main à Nafissatou, mais de grâce que nous nous respections en tant que femme. Chacun est
libre de son opinion ; C’est vrai ; mais, si nous accordons à DSK la présomption d’innocence, pourquoi ne
pas accorder à Nafissatou le bénéfice du doute ?
Laissons la justice américaine faire son travail. Nous ne croyons pas que la NYPD peut se permettre
d’arrêter l’un des hommes les plus influents de la planète si elle n’avait pas suffisamment de preuves.
Nous savons que certains politiciens et célébrités pensent qu’ils sont au dessus de la loi ; nous savons
également que certaines femmes savent se montrer manipulatrices, mais c’est à la justice de nous
éclairer et de faire la part des choses.
Arrêtons de nous empoisonner de fausses rumeurs : il se dit par ici que c’est la faute aux guinéens si les
socialistes n’ont plus de candidat pour battre Mr. Sarkozy aux élections en France, comme s’il n’y avait
pas d’autres ténors comme François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Fabius ou Martine Aubry pour se
présenter. Et par-là on parle de complot de Mr. Cellou Dalen Diallo, le silence du président Alpha Condé,
la manipulation des peulhs, nous ne savons plus où nous donner la tête avec ces gens qui parlent pour
ne rien dire. Nous avons tout entendu et nous entendrons encore car chaque pays a sa propre rumeur
sur ce sujet.
Pour l’instant, l’ADN de DSK a été confirmé positif sur les habits de la jeune femme, en attendant les
prochaines audiences, essayons de garder notre sérénité et notre courtoisie les uns envers les autres.
La guinée est une famille et elle est très fière de ses enfants. Que ces enfants soient en difficulté
aujourd’hui ou en bonne situation, ils appartiennent tous à cette même Guinée. Je suis une femme
guinéenne et fière de l’être. Et partout dans le monde où une femme est en difficulté, nous serons là pour
lui apporter notre soutien moral comme l’ont fait beaucoup de nos compatriotes et ONG aux Etats Unis et
dans le reste du monde entier. Que cette femme soit Nafissatou Diallo, Anne Saint-Claire, Hilary Clinton
ou même Doussou Condé, nous serons toujours là au nom de la vérité, de l’égalité et du respect des
droits fondamentaux de la femme pour préserver sa dignité.

Binta Ann
Ecrivaine guinéenne
Présidente de l’ONG FONBALE
La Fondation des femmes et des enfants en Guinée
bintaann@yahoo.com

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