Politique : Législatives : les manœuvres politiciennes autour de la présidence de la République et les alliances contre productives


Les prochaines élections législatives qui mettront en place la future Assemblée nationale du pays, se profilent à l’horizon. En prélude à ces élections qui tiennent à cœur la communauté internationale pour la finalisation du processus de transition, les coups bas de la politique et les alliances commencent à se sceller. La scène politique se mouvemente, les rencontres anodines se multiplient entre partis politiques pour l’élaboration d’une stratégie commune en vue d’obtention d’une majorité au perchoir.

L’alliance arc-en-ciel en déconfiture

L’alliance arc-en-ciel qui a contribué à l’élection d’Alpha Condé à la magistrature suprême, est au bord de l’implosion. Les partis politiques, considérés comme « poids lourds » à l’image du PEDN de l’ancien premier ministre Lansana Kouyaté, ont claqué la porte pour non respect des engagements pris à la veille de la dernière élection présidentielle.

Mais seulement voilà, si certains transfuges du parti de l'unité et du progrès (PUP) du régime de feu Lansana Conté se sont infiltrés au rassemblement du peuple de Guinée-RPG (parti au pouvoir) par opportunisme politique, d’autres partis alliés et autres hommes d’affaires, argentiers de l’UFDG de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, continueraient, eux-aussi à caresser les nouvelles autorités de Conakry. C’est du moins ce que Guinéenews© a appris de certains « rats » qui gravitent au tour du palais présidentiel.

Certains opérateurs économiques, ayant compris qu’Alpha Condé va faire un ou deux mandats, dans la quête des marchés publics et autres faveurs du pouvoir, ont approché le chef de l’État. C’est ce qui fait que des visites nocturnes de quelques uns de ces hommes d’affaires se foisonnent à la présidence pour bénéficier des yeux doux du chef de l’État, nous rapportent de sources familières du palais présidentiel.

Le parti GPT (Guinée pour tous) de l’ancien argentier du pays Ibrahima Kassory Fofana, pour sa part, même s’il n’affiche pas publiquement sa désapprobation par rapport à la façon dont les choses évoluent en Guinée, semble lui aussi prendre ses distances de l’alliance arc-en-ciel. Ce constat aussi est réel ! Quand on sait que le poids politique que le PEDN et le GPT (surtout pour avoir été les deux bailleurs les plus importants de l’arc-en-ciel lors de la dernière présidentielle, ndlr), représente dans une telle alliance, tout porte à croire que les prochaines législatives pourraient nous réserver des surprises !

En outre, comme on le sait, le président de l’union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré, a récemment rencontré le chef de l’État pour, semble-il, discuter des problèmes brûlants du pays, notamment, les futures élections législatives. Mais en réalité, nous avons appris que l’ancien premier ministre avait déjà été reçu au moins quatre fois par le président de la République. Même si officiellement rien n’a filtré de la rencontre entre Alpha Condé et Sidya Touré, tout porte à croire que le président de l’UFR semble s’approcher de plus en plus de Sekoutoureyah en vue d’une future collaboration avec le chef de l’État.

Ceci s’expliquerait par le fait que Sidya Touré, tout comme Alpha Condé, a plus de 70 ans. Après un ou deux mandats du Professeur Alpha Condé, Sidya serait presqu’octogénaire, ce qui serait un handicap majeur pour faire acte de candidature pour la magistrature suprême. C’est pourquoi, le patron de l’UFR semble opter pour une politique de proximité avec le président Condé au lieu de militer pour une opposition radicale, même s’il se réclame mordicus membre du collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition.

Contre ce réalisme politique de Sidya Touré, certains avancent également une malice afin de reconquérir son électorat, qui n’avait pas majoritairement suivi sa consigne de vote aux présidentielles du 7 novembre dernier.

Les consignes strictes de l’administration Obama à l’égard d’Alpha Condé

Le chef de l’État, depuis son retour du pays de l’Oncle Sam, semble mettre de l’eau dans son vin. En tout cas, à en juger par les actes qu’il pose depuis son voyage américain. Alpha Condé a mis en place un comité provisoire de réconciliation nationale en mettant à sa tête les religieux ; ensuite, il y a quelques jours, le président de la République, a gracié les 37 militants de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), qui, faut-il le souligner avaient été arrêtés, jugés et condamnés alors qu’ils étaient partie réceptionner leur leader, Elhadj Cellou Dalein Diallo. Mieux, le chef de l’État semble s’éloigner des « mamayas », qui endorment souvent les dirigeants guinéens.

Dans les rouages de la présidence, il se murmure que le président Alpha Condé, voudrait former un gouvernement d’union nationale telle que la communauté internationale lui avait suggéré, conformément à son discours de campagne électorale. Mais, de source proche du chef de l’État guinéen, vu l’aura populaire de son principal rival Elhadj Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé souhaiterait fédérer toutes les forces politiques autour de lui à travers ce gouvernement d’union nationale, mais en isolant le président de l’UFDG.

En réalité, le président Alpha Condé, souhaiterait rassembler les forces politiques de la Basse Guinée et de la Guinée Forestière pour barrer la route à Elhadj Cellou Dalein Diallo avant la tenue des élections législatives. Or, le message qu’il aurait reçu à la Maison Blanche est clair. « Pour la paix et la stabilité du pays, surtout vu le poids de l’électorat d’Élhadj Cellou Dalein, mais surtout à cause de la maturité politique dont il a fait preuve au sortir de la dernière élection présidentielle, il semble être mieux placer pour diriger la future assemblée nationale en vue de créer un vrai contre pouvoir en Guinée et éviter une assemblée monocolore », nous rapporte un observateur avertit de la scène politique guinéenne.

On ajoute également que seule une Assemblée nationale forte et efficace peut asseoir et consolider définitivement la culture de démocratie en Guinée et de l’alternance pacifique au pouvoir.

Il importe de rappeler que les États-Unis, la France, l’Union Européenne, l’Union Africaine et la CEDEAO se sont beaucoup investies pour une transition apaisée en Guinée.

Les alliances contre productives en prélude des prochaines législatives….

Le mercredi 17 août dernier, l’ancien premier ministre et leader du parti PEDN Lansana Kouyaté, le président de l’UPG (Union pour le progrès de Guinée), Jean Marie Doré, le président de l’UFC (union des forces pour le changement) et ancien ministre de la Communication, Aboubacar Sylla et trois leaders d’autres petits partis politiques ont signé un accord portant création d’une nouvelle alliance politique dans la perspective de l’élection législative.

Sans trop faire de prophétie, cette alliance aurait pu avoir un poids politique certain si les partis la composant avaient les mêmes rapports de forces, les mêmes capitaux politiques, les mêmes capacités de mobilisation et les mêmes capacités financières. Mais à l’analyse de cette situation, hormis le PEDN et dans une certaine mesure l’UPG (qui est en pleine reconquête de son bastion en Forêt), aucun des autres partis n’a une stabilité financière importante à plus forte raison un capital politique fiable dans le pays. C’est pourquoi, les observateurs s’attèlent à dire que de telles alliances ne peuvent être tranchantes.

Ce type d’alliance sera l’arbitre entre les positions de la mouvance présidentielle et celle de l’opposition radicale. Cet arbitrage pourrait avoir son pesant d’or dans la future Assemblée nationale si d’aventure le nombre de députés de la mouvance présidentielle serait sensiblement égal à celui de l’opposition radicale.

La suite des événements nous en dira plus…

Youssouf Boundou Sylla
Gatineau, Canada

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