« Aucun élément n’indique que Bah Oury a pris part à une entreprise criminelle...»

CONAKRY/Le numéro un de l'union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et candidat finaliste malheureux à la dernière présidentielle, l’opposant El hadj Cellou Dalein Diallo est rentré le 4 septembre dernier au bercail après un long périple qui l'a conduit hors des frontières guinéennes.

Six jours après son come back, c'est un Cellou Dalein Diallo décontracté qui a reçu l’équipe au grand complet de Guinéenews© Tv et du journal dans son antre de CBG dans la commune de Ratoma pour une interview exclusive.

De son long séjour à l'étranger, en passant par la vie de l'UFDG dont on dit en proie à un malaise, les législatives à venir, la composition de la commission nationale électorale indépendante, la réconciliation nationale, l’attentat contre la résidence de son rival politique, la grâce présidentielle dont ont bénéficié ses militants, sans oublier d'évoquer la récente affaire d'"un émissaire du chef de l'Etat chez Cellou Dalein Diallo".

Pendant un peu plus de cinquante six minutes d'horloge, le champion de l’UFDG s'est ouvert à la rédaction au grand complet (Guinéenews Tv et le site www.guineenews.org) qui l’a « matraqué » de questions..

Cellou Dalein Diallo : « on m’accueille avec des balles réelles ; je suis rentré pour combattre la dictature ; j’ai des militants pour occuper la rue…»

Guinéenews© : El hadj Cellou Dalein Diallo, bonjour

Cellou Dalein Diallo : Bonjour

Bienvenue au pays

Merci

Pourquoi vous avez passé ce long séjour à l’étranger ?

Ecoutez j’étais parti de Conakry pour deux choses. D’abord pour aller recevoir des distinctions qui m’étaient décernées à Lomé par l’observatoire panafricain de la démocratie et ensuite à Dakar par le MEDES. Je rappelle que l’observatoire panafricain de la jeunesse m’a décerné un prix, celui du promoteur de la culture démocratique sur le continent. A Dakar, le MEDES m’a décerné le cauri d’or de la paix en raison de mon rôle joué dans l’instauration de la paix et de la démocratie dans notre continent. Après cela, je devais continuer ma mission en Europe et aux Etats-Unis pour remercier les militants, les compatriotes Guinéens vivant à l’étranger, qui comme vous le savez, se sont prononcés à hauteur de soixante dix pour cent pour ma candidature et m’ont accordé donc leur suffrage. Je pense qu’il était important au nom de la direction nationale du parti que je vienne leur exprimer ma gratitude, leur remercier, leur expliquer comment les élections se sont passées et quelle est la nouvelle attitude que le militant de l’UFDG devrait prendre. A cet égard, je dois rappeler que j’ai indiqué que l’UFDG devait rester fidèle à ses valeurs, à ses principes démocratiques et républicaines. Et combattre le tribalisme, l’ethnocentrisme et l’exclusion. Nous devons donc restés mobilisés pour participer aux élections législatives.

A plusieurs reprises votre arrivée sur Conakry a été reportée, qu’est ce qui explique cela ?

Oui c’est pour des raisons indépendantes de ma volonté. D’abord, les jeunes voulaient me recevoir, les militants du parti ne voulaient pas que je rentre en catimini en Guinée malgré la répression qui s’était abattue sur eux à l’occasion de mon retour le 3 Avril. Donc, on a fixé une première date, l’avion d’Air Sénégal qui devait me déposer à reporter son départ de Dakar à 19 heures au lieu de 14 heures. Il est impossible de se faire recevoir la nuit au-delà des risques, il faut tout de même permettre aux gens de se mobiliser dans des conditions visibles et lisibles surtout qu’on s’attendait peut-être à des répressions aussi des forces de l’ordre. Mais il faut identifier les gens et faire en sorte que ça se passe en plein jour. Donc, j’ai reporté d’une semaine étant entendu que c’est très difficile d’organiser une réception du leader de l’UFDG en semaine sans gêner énormément les usagers de la route qui risquent d’avoir vraiment des problèmes inutiles. Donc on a décidé de remettre mon retour à dimanche. Le dimanche qui a suivi malheureusement Air Sénégal avait toujours des difficultés au niveau de sa flotte. Air Sénégal nous a dit que le vol premier prévu le dimanche à 14 heures aurait lieu lundi matin à la première heure à 3 heures. On était embêté, est-ce qu’il fallait attendre encore une semaine, ça allait être encore trop long, est-ce qu’il fallait organiser cela le jeudi avec le risque de pénaliser tous les usagers de la route. Parce que lorsque tous les militants du parti sortent, c’est sûr que la circulation ne peut pas être fluide. Donc c’est dans cette attente qu’il y eu l’attentat du 19 Août et on a dit qu’il faut attendre d’abord de revenir au pays et j’ai attendu quelques semaines. Entre temps, j’ai été invité en Afrique de l’Est. Je suis parti, là aussi j’ai rencontré quelques militants de l’UFDG, nos ressortissants en Mozambique, en Tanzanie, au Rwanda, on a vu plusieurs personnes qui ont contribué d’ailleurs au financement de notre campagne. C’était l’occasion pour aussi de les remercier et puis lorsque je suis revenu à Dakar, j’ai décidé de rentrer.

Tout à l’heure, vous parliez de l’attentat du 19 Juillet, vous faites allusion à l’attaque de la résidence du chef de l’Etat. Comment est-ce que vous avez vécu cette situation depuis l’endroit où vous étiez ?

On m’a réveillé pour me dire qu’il y avait eu cette attaque de la résidence de monsieur Alpha Condé. Et naturellement exprimé sur la situation, j’ai déploré et condamné cet attentat. Au cas où il s’avèrerait réel, j’ai invité les autorités à constituer une commission d’enquête indépendante et de mener les investigations en toute sérénité pour éviter que cet événement n’impacte sur le tissu social fortement fragilisé par une campagne électorale fortement tribalisée et surtout que ça n’impacte pas sur le processus démocratique.

Avec cet attentat des membres de l’UFDG ont été pointés du doigt, c’est le cas de Bah Oury qui a fui, qui a fui et qui a été obligé de partir de la Guinée à un certain moment. Comment est-ce que vous analysez ce fait ?

Ecoutez ! Je suis certain que Bah Oury ne peut pas rentrer dans une entreprise comme ça, puisque je vous ai dit tout à l’heure que pendant la campagne que j’ai menée récemment en allant remercier les gens, j’ai réaffirmé(Il insiste sur le mot) l’attachement de l’UFDG aux valeurs et aux principes républicains. Je n’ai aucun élément qui indique que Bah Oury a pris part à l’organisation d’une telle entreprise que je considère dans tous les cas comme criminels. Mais il ne faut pas, comme on en l’habitude en Guinée, je l’avais dit au cours de certaines interviewes qu’on profite de ces occasions là pour éliminer des adversaires gênants. Parce que nous sommes en Guinée, on a une histoire, nous avons des traditions fortement ancrées, où on a utilisé ce genre de complots pour éliminer des adversaires gênants. Aujourd’hui l’UFDG est le parti vraiment leader de l’opposition. Nous prenons nos responsabilités, nous condamnons la dictature, l’exclusion, le tribalisme dont se rendent tous les jours coupable le gouvernement. Il ne faut pas qu’on utilise ce complot pour affaiblir et disloquer l’UFDG en lui attribuant des responsabilités dans cet attentat contre la résidence du président.

En attendant les résultats des enquêtes que la justice guinéenne a diligentées, est-ce que vous croyez à la thèse du complot que certaines personnes évoquent la plupart du temps ?

Ecoutez ! Actuellement il y a beaucoup de zones d’ombres. On attend de voir qu’on mette en évidence la réalité du complot. Là ! Je n’ai aucun élément pour croire à la thèse du complot je n’ai aussi pas d’éléments pour dire que c’est absolument faux mais pour le moment on s’interroge, on attend que le gouvernement mette en évidence l’existence d’un complot, identifie ou situe les responsabilités. Nous, ce qu’on sait, si cela est avéré qu’il ya eu complot c’est loin de l’UFDG ? C’est loin de nos préoccupations.

Nous sommes un parti d’opposition ferme (il insiste sur le mot) sur le respect de la loi et des principes et règles républicains. Nous nous battons pour l’instauration de l’état de droit dans ce pays. Nous utiliserons toutes les opportunités que nous offre la loi pour réagir, pour marquer notre opposition à la violation de notre constitution et du code électoral. Mais nous n’entrerons pas dans des entreprises qui sont contraires à ces valeurs de déstabilisation de notre pays.

Vous êtes rentré récemment sans trompette ni tambour. Est-ce que vous pensez aujourd’hui que votre sécurité est garantie ?

Je pense que la sécurité d’aucun Guinéen n’est garantie dans cette pagaille et dans cette insécurité généralisée. Mais lorsque vous êtes leader d’un parti, les militants vous font confiance et se mobilisent derrière vous, vous êtes tenus d’assumer votre responsabilité. Donc, Je viens, je sais que je prends des risques. Vous savez que ma résidence a fait l’objet de beaucoup de visites, mais personne n’a assumé même la visite rendue à mon beau fils où s’était réfugiée ma famille. A l’occasion de laquelle visite, on a procédé à l’arrestation de mes enfants, de ma famille. On a violenté ma femme, on m’a adressé des injures, personne n’a assumé même s’ils ont été déposés à une gendarmerie où ils ont été entendus sur procès verbal et ce domicile a été perquisitionné mais personne n’a assumé. Lorsque les gens sont venus à 13 heures chez moi pour dire aux occupants de la maison qu’on doit comprendre dans cette maison qu’il y a un seul président, c’est Alpha Condé ! Et là aussi personne n’a assumé. Même Alpha Condé, qui en accordant une interview à Jeune Afrique, a dit que c’était des gens qui étaient venus faire des revendications par rapport à un partage d’argent et que ce n’était pas des gens qui étaient venus intimider.

Alors donc, lorsqu’il y a des visites des militaires en tenue (Il change d’intonation) avec des véhicules de l’armée identifiés, personne n’assume ! On ne peut pas dire qu’on est en sécurité, mais il y a des responsabilités à assumer, il y a la confiance du peuple de Guinée à assumer. Donc, je ne peux pas me dérober à cette responsabilité. C’est pourquoi je suis rentré pour mener le combat contre la dictature, contre le tribalisme et contre l’exclusion afin que la Guinée soit une société démocratique, débarrassée de la haine, de l’exclusion et de la mauvaise gouvernance.

Récemment, le chef de l’Etat a envoyé des émissaires vers vous pour un tête à tête. Vous avez décliné l’offre…

Je n’ai pas décliné l’offre. J’ai demandé à ce qu’on me donne le temps pour consulter ma base. Je suis le premier responsable d’un parti qui a sa discipline. Il y a une semaine, nous avons fait une déclaration pour déplorer la visite rendue à Alpha Condé par un de nos hauts responsables sans en informer le parti ni avant ni après. Je ne peux pas déplorer cette attitude d’un haut responsable ou de mes adjoints et moi-même, me livrer à de telles pratiques. Je n’ai jamais dit : ‘non’, que je ne rencontre pas M. Alpha Condé. Mais j’ai dit je ne peux dans une heure là puisque c’était pratiquement dans une heure que je devais me rendre au palais de la présidence. J’ai dit qu’il faut que je consulte ma base, que je les informe, qu’on en discute. Parce que la rencontre avec le président est importante. Il y a tellement de conflits, il y a tellement de problèmes, il y a tellement de frustrations. Il faut préparer une telle rencontre afin de voir si elle peut être productive pour le pays, pour la paix et pour la réconciliation. Il faut respecter aussi la base et l’informer. Il y a cette initiative que j’ai prise, solliciter son accord et son mandat pour aller à une rencontre.

Parlant de consultation, il a été fait cas que vous devriez consulter la coordination du Fouta Djallon aussi.

Bon ça c’est absolument faux ! J’ai fait diffuser un communiqué pour dire que le seul motif que j’ai évoqué pour demander le report de la rencontre était la nécessité pour moi de consulter le parti. Je n’ai jamais fait allusion à la consultation des sages de la coordination des sages du Fouta comme a voulu le laisser croire le bureau de presse de la présidence.

J’ai déploré cette attitude. Pourquoi ? Parce que de tout temps pendant la campagne, on a voulu identifier l’UFDG à un parti ethnique, à parti du Fouta qui ne cherche à défendre une communauté, une région alors que nos statuts sont claires. Nos discours ont été clairs et constants. On n’a jamais dérogé à la règle. Nous nous sommes rendus dans l’ensemble des trente trois préfectures du pays. Nous avons tenu le même discours, appelez les Guinéens à exclure et bannir de leur comportement le tribalisme et l’ethnocentrisme. L’Homme doit être jugé par rapport à ses actes, aux valeurs auxquelles il est fidèle et non par rapport à son lieu de naissance ou à son ethnie. J’ai dit qu’il faut que la Guinée se modernise et qu’on arrête de nous haïr sur la base ethnique ou par rapport à nos sensibilités politiques.

C’est ce que je reproche aujourd’hui au gouvernement d’Alpha Condé. C’est justement cette tendance à diviser la Guinée, en excluant une partie des Guinéens. Ne croyez pas que je parle que de la communauté peuhle, je parle de ceux qui ont soutenu ou qui sont membres de l’UFDG, ou des autres qui ne sont pas de son parti. Je pense que notre constitution est claire ! Elle a cherché à protéger l’unité de la nation et l’égalité du citoyen. Je pense que le sens de responsabilité commande à un Président de la République de veiller : à l’équité, à ce que son administration, son gouvernement veille à tenir la balance égale entre les ethnies, à définir les critères objectifs de sélection de ses collaborateurs. Ce n’est pas l’aspect politique seulement, les Guinéens ont droit public. Ils ont droit à assumer des responsabilités au sein de notre administration non pas sur la base de leur appartenance ethnique ou de leur sensibilité politique. Aujourd’hui, ça fait parti des choses que nous déplorons et que nous condamnons parce qu’Alpha Condé est en train de….

Donc à y voir de près, il y a eu cacophonie entre le bureau de presse ou encore avec l’émissaire ou les émissaires parce que de l’autre côté on a parlé de plusieurs émissaires, quant au niveau de l’UFDG, on a parle d’un émissaire.

Il y avait trois contre variétés. La première, le rendez-vous n’était pas fixé au jeudi à onze heures. Le rendez-vous était fixé au mercredi à onze heures trente alors que l’émissaire, il ne s’agissait pas de deux ou trois, il y avait un seul qui est arrivé qui m’a dit que je dois aller avec lui à Sékhoutouréya pour rencontrer M. Alpha Condé à onze heures trente, donc une heure et demi après notre rencontre. Deuxièmement je n’ai jamais dit que je dois me référer à la coordination. Je pense que c’est le même campagne à laquelle le RPG est habitué de discréditer notre parti alors qu’ils savent que le candidat du RPG a exclu une région dans laquelle il ne s’est pas rendu pendant le premier et le deuxième tour .

Moi aussi bien au premier qu’au deuxième tour, j’ai été dans toutes les préfectures même celles considérées comme son fief. J’étais à Kankan, j’étais à Kérèouané, j’ai fait le tour de la ville de Kankan ainsi que Siguiri où les populations de ces préfectures m’ont réservé un accueil chaleureux même celles qui n’ont pas voté pour moi. Je me sens aussi bien fils de Siguiri que de Labé ou de Mamou ou de Dalaba. Je me sens aussi bien fils de N’Zérékoré que Koundara, de Forécariah que de Gaoual. Je suis un fils de ce pays et je l’ai prouvé. Je voulais être le président de tous les Guinéens. J’ai tenu des discours qu’il fallait, j’ai fait la tournée qu’il fallait et personne ne peut me reprocher ni dans mon discours ni dans mes attitudes une tentative quelconque d’exclusion et ou de tribalisation du débat politique.

Je m’étais élevé en son temps fortement contre l’implication des coordinations régionales dans le débat politique. Vous vous souvenez ? Lorsqu’on a dit que les quatre coordinations devaient nous rencontrer, Alpha Condé et moi au siège de la coordination de la Guinée forestière, je m’étais exprimé. J’ai dit ce n’est pas le rôle des coordinations de participer dans le débat politique. Lorsque la coordination de la Haute Guinée est venue voir Jean Marie et Sékouba au moment de la transition pour exiger des choses, faute de quoi, telle préfecture telle circon ion ne participerait aux élections, j’ai dit que c’est une faute politique grave. Les coordinations doivent être au dessus de la mêlée, les coordinations par définition doivent être apolitiques. Parce qu’au sein d’une même région naturelle que couvre une coordination, il ya plusieurs partis, il y a plusieurs candidats. Une coordination ne peut pas prendre part pour un candidat et laisser un autre, elle est par définition comme je l’ai dit apolitique et elle ne peut pas s’impliquer dans le débat politique. Malheureusement, on a vu la coordination le Président aller remercier des coordinations, leur demander d’être fidèles. On a vu des coordinations s’engager à soutenir M. Alpha Condé pour qu’il gagne les élections législatives. Ce n’est pas bon ! Les coordinations doivent être le recours. Si au niveau des partis politiques il ya des tensions, il faut qu’elles procèdent à l’apaisement et pour qu’elles puissent être efficace dans cette mission, il faut qu’elles soient crédibles et il faut qu’elles soient au dessus de la mêlée. Il ne faut pas mélanger les rôles, ce n’est pas bon. Nous sommes dans un pays qui est devenu très fragile notamment en fonction de la tribalisassions du débat politique. Il faut qu’il y ait des recours crédibles, neutres, indépendant et impartiaux. Tout le monde veut faire de la politique, prendre part pour un candidat ou un autre. Eh bien seule la communauté internationale sera le recours et ce serait dommage pour la Guinée !

Avant de venir à la vie de votre parti, les Guinéens aimeraient savoir qui est cet émissaire qui est venu vers vous pour vous dire que le président demandait à vous rencontrer ?

Ecoutez ! Si le bureau de presse n’avait pas mis cette démarche sur la place publique, je n’en aurais pas parlé parce que pour que certaines choses soient efficaces, je pense que lorsqu’on est responsables, on doit faire preuve de responsabilité. Je ne souhaite pas révéler ici publiquement le nom de cet émissaire.

D’accord ! Nous revenons à la vie de l’UFDG, votre parti. Ces temps-ci, on nous parle d’un malaise au sein de votre formation politique. Récemment, vous faisiez cas de la rencontre du président de la République avec un cadre de votre parti sans l’aval du parti. Je parle de Saliou Bella qui a été reçu par le Président Alpha Condé. On nous parle aussi du torchon qui brûlerait entre Bah Oury et vous ou encore une affaire de quatorze milliards qui seraient à la base de la déstabilisation de l’UFDG. Qu’en est-il réellement ?

(Il dourit !) Je n’ai pas entendu parler de cette affaire de quatorze milliards, donc je ne sais pas de quoi il s’agit. Ce que je peux dire, c’est que l’UFDG est plus unie et plus déterminée que jamais. Vous avez vu depuis ma rentrée comment, les gens se mobilisaient sous la pluie, pendant le mois de Ramadan, nos militants et sympathisants étaient là derrière le parti, derrière leur président.

Après le revers qu’on a eu à la suite de l’élection présidentielle, dans les débats il peut y avoir des malentendus. Qu’on essaie de situer les responsabilités, là où elles sont où elles ne sont pas. Il y a quelques petites divergences mais qui ne mettent pas en cause la cohésion et l’unité de la gestion du parti. Aujourd’hui, j’ai rencontré Bah Oury à Paris, on a discuté comme je l’ai dit dan une interview que j’ai accordée après à un site guinéen qu’il y avait quelques divergences, quelques malentendus par rapport à des stratégies à mettre en œuvre via des questions d’intendance à l’intérieur du parti. Mais je pense que le parti a des statuts, le parti a un programme, un règlement intérieur. Nous avons tous réaffirmé notre attachement à ses textes fondamentaux. Je pense que c’est autour de ça qu’on doit se réunir et c’est autour de cela qu’on diriger le parti et à cet égard, on a dit qu’on était d’accord. Je pense que les malentendus peuvent arriver dans tous les organisations aussi importantes que l’UFDG. Je pense aujourd’hui qu’il n’y a pas de malentendu et que la direction du parti va continuer à accomplir la mission que les militants lui ont confiée.

C’est vrai ! Mon absence prolongée a suscité beaucoup de petits problèmes, mais avec mon retour je suis de réorganiser les choses sur la base des règlements intérieurs et des statuts du parti, de rassurer tout le monde. Vous avez vu les mobilisations. La force de l’UFDG, c’est ses militants. Ils sont déterminés aujourd’hui plus qu’hier et ils sont prêts naturellement à se mobiliser davantage demain pour exiger le respect de la constitution et des lois de la République.

A quand le retour de Bah Oury au pays ?

Bah Oury, il est à Paris à ma connaissance. Moi, je l’ai laissé là, je ne peux pas vous dire à quelle date exacte. Il y a des décisions qu’on prend personnellement en fonction peut-être de la perception qu’on a de la sécurité ou de l’insécurité mais je pense qu’il ne tardera pas à revenir au pays.

Récemment le chef de l’Etat a accordé une grâce à vos militants qui étaient incarcérés à la maison centrale de Conakry, quel a été votre sentiment à l’annonce de cette nouvelle ?

J’ai diffusé aussi un communiqué pour exprimer mon point de vue. J’ai dit que c’est une réparation partielle à l’endroit de l’UFDG et de ses militants. Vous vous souviendrez, qu’à mon arrivée le 3 Avril, une répression sauvage s’est abattue sur mes militants dont le seul est crime est d’avoir été à l’aéroport le jour de mon arrivée où d’être au bord de la rue pour accueillir leur leader. C’était une grande déception pour moi qu’Alpha Condé qui sous Conté, Dadis ou Sékouba se faisait accueillir par ses militants et se faisait conduire chez lui sans qu’aucune force de l’ordre ne perturbe ses réceptions.

Il y a des moments où j’étais au gouvernement, il revenait ici. Moi, après avoir posé les actes que j’ai posés pour la paix et l’unité de ce pays en mettant l’intérêt de la nation au dessus de mes intérêts personnels. Vous savez que j’ai des militants pour protester, pour occuper la rue. Personne ne peut le contester ! A Conakry comme à l’intérieur. J’ai pris la décision malgré tous les doutes, malgré les preuves que j’avais. Il y a eu fraude, d’accepter les résultats proclamés par la cour suprême faisant d’Alpha Condé le vainqueur de l’élection présidentielle. La communauté internationale a salué mon attitude, j’ai reçu des distinctions et des prix. J’ai été accueilli partout, félicité et respecté. Je rentre dans mon pays après avoir laissé à Alpha Condé en tant qu’opposant, les cent jours sans rien dire. En m’imposant une obligation de réserve. Je rentre, on m’accueille avec des balles réelles, parce qu’il a donné des instructions pour tirer sur les gens.

On a tué Zakariaou Diallo ! On a blessé huit personnes par balles. On arrête des gens à dix heures, onze heures, ceux qui étaient là. Des hauts responsables du parti comme la présidente de Matam, la présidente de Dixinn, madame Yarie Briqui qui est membre de la direction nationale du parti. On les brutalise, on les arrête. Alpha Condé donne des instructions pour qu’on les juge et qu’on les condamne. Près de quarante sept condamnations.

Lorsqu’on libère des gens, on annule cette anomalie. Je suis content parce que mes gens retrouvent la liberté. Mais c’est que parmi mes gens, il y avait des gens qui sont chargés de ma sécurité. Une dizaine de gens ! Partout om je suis, ils doivent être là. Ils ont été arrêtés, jugés comme des participants à une manifestation. Qu’il y ait une manifestation ici ou là, compte tenu des responsabilités qui sont les miennes en tant que président d’un grand parti, le plus grand du pays. Les résultats du premier tour sont là pour le prouver, j’ai besoin d’un minimum de sécurité. Ces gens-là, on les arrête, on les condamne à des peines de prison fermes. Lorsqu’on les libère, je me réjouis pour eux, mais je ne considère pas cela comme un acte de générosité ou de clémence d’Alpha Condé. Il a décidé de les arrêter, il a donné des instructions de les condamner. La justice qui est sous ses ordres les a condamnés. Il décide à un moment donné, bon j’annule, bon j’annule. Je salue cette décision qui peut être considérée comme une décision d’apaisement, si elle est suivie d’autres actes, parce qu’il a commis beaucoup de fautes et d’erreurs politiques, qui aujourd’hui divisent la Guinée. Si c’était suivi d’actes d’apaisement, de volonté réelle, de décrisper la situation socio-économique, ce serait une bonne chose. Mais il ne faut pas que les gens perdent de vue que c’était l’arbitraire et l’injustice qui les avaient mis en prison.

Parmi ces militants qui ont été libérés, faisaient partis des militaires de l’armée régulière qui assuraient votre sécurité. Est-ce qu’ils ont été réhabilités parce qu’on avait appris qu’ils avaient été rayés des effectifs de l’armée régulière guinéenne ?

Pas à ma connaissance ! Là aussi moi j’étais aux Etats-Unis lorsque j’ai appris qu’Alpha a décidé de les rayer des effectifs de l’armée. Ces jeunes ont été affectés à ma protection par le gouvernement de la transition. A la fin de la transition, aucun papier, aucun coup de téléphone les rappelant n’a été reçu. Ils ont continué à assurer même la sécurité de ma maison lorsque j’étais absent. Ils n’étaient pas trois, ils étaient au nombre de huit. Il faut le dire maintenant. A l’aéroport, ils étaient au nombre de huit et étaient dans un pick-up. Mais lorsque le gouverneur (NDLR : Resco Camara) a appelé les gens, il ya trois qui ont répondu à l’appel. Les autres ne sont pas venus, ceux qui sont venus ont été arrêtés, condamnés, « déshabillés », c’est-à-dire, rayer des effectifs de l’armée.

Là ! Cette injustice, cet arbitraire n’a pas encore été réparé, parce qu’ils ne sont plus militaire. Or, ils étaient en mission de l’armée. Moi je ne peux pas utiliser les services des militaires sans l’accord ou les instructions données par les corps auxquels ils appartiennent. Mais aujourd’hui ils ont perdu leur carrière par la haine. Ce n’est pas juste ! Ils étaient huit, on a arrêté trois ! Je ne veux pas que les autres qu’on n’a pas arrêtés subissent le même sort mais, ils sont restés là. Mais ce qui est aujourd’hui révoltant, c’est que pour le cas de Zakariaou, le gouvernement refuse qu’une enquête soit ouverte. Il refuse même de prendre le dossier, la plainte constituée, formulée par la famille de Zakariaou parce que la justice a reçu des instructions de ne pas prendre la plainte. Dans quel pays on est ?

Je ne sais pas ! C’est la haine et l’arbitraire qui inspirent et guident malheureusement ce gouvernement. Et c’est ça le problème ! C’est le problème aujourd’hui ! Les gens sont choqués ! La réconciliation c’est dans le cœur ! Lorsque vous avez espoir, lorsque vous avez confiance même si la misère est à votre porte, vous pouvez admettre, acceptez des choses en disant que c’est pour demain ça va changer. Parce qu’on ne peut pas faire tout changer en même temps.

On n’a pas reproché à Alpha Condé de n’avoir pas donné du courant jusqu’à présent ! Il ya des problèmes structurels dont la résolution demandent du temps, de l’argent, l’expertise ! Mais cas même, le respect de la dignité, le sens du partage, l’équité, la justice. Ça c’est des signaux qu’il aurait pu donner, malheureusement, vous constatez c’est l’arbitraire ! La dissolution des conseils communaux dont les membres n’ont pas voulu faire du zèle parfois ou n’ont pas voulu le soutenir pendant l’élection présidentielle et sur lesquels il ne peut pas compter pour organiser la fraude qu’il veut organiser à l’occasion des élections législatives. Ces gens là ont été démis pourtant ils sont élus comme lui en violation flagrante du code des collectivités.

Est-ce qu’on va continuer à vivre comme ça dans l’arbitraire ? J’ai dit qu’on s’est battu ces dernières années pour l’avènement d’une société juste, d’une société où les droits des citoyens sont respectés, où leur dignité est respectée. Des gens ont donné leur vie au pont du 8 Novembre, au stade du 28 Septembre comme je l’ai dit pas pour que Alpha, Cellou, Sidya ou Kouyaté soit président mais pour que la Guinée soit unie, solidaire et fraternelle. Où le droit de chacun est respecté, où il y a la fraternité entre les filles et fils de ce pays. Ce pays c’est Dieu qui l’a donné à toutes les communautés, chacun de nous est citoyen de ce pays. Il faut que le droit soit dit, s’il y a pas cela, il n’ya aura pas la paix, il n’y aura pas la réconciliation. C’est ça le problème !

Les manifestations des années passées, 2007-2008, nous exigions : la démocratie, la bonne gouvernance, le respect de la dignité des citoyens. Ils ont malmené l’unité nationale pendant la campagne. Nous pensions qu’une fois installé en tant que président de la République, le professeur de droit qu’il est, allait tenir un discours d’apaisement, rassurant, suscitant l’espoir chez chaque citoyen et la confiance de toutes les composantes politiques, ethniques de la nation pour qu’on aille maintenant vers le développement. Pour qu’on élimine la haine et les règlements de compte, des pratiques de notre gouvernement. Malheureusement, ce qu’on ne constate pas. C’est lui qui revendique quarante ans de combat pour la démocratie et de liberté. Voilà comment les politiques d’exclusion des citoyens guinéens, de la privation des droits à plusieurs citoyens parce qu’ils sont membres de l’UFDG, parce qu’ils sont membres de d’autres communautés. C’est ça que nous attendions ? Non ! Nous attendions une politique crédible de réconciliation, des actes et des discours qui vont dans le sens de la restauration, de la confiance entre les composantes ethniques de notre pays, entre les citoyens et le gouvernement.

Aujourd’hui, tous les Guinéens sont déçus. Les conditions de vie ne sont pas améliorées, on n’a pas d’électricité, on n’a pas d’eau. Ça ! C’est tolérable, on peut dire qu’il faut du temps même si les politiques menées ne sont pas efficaces, on le sait .Parce qu’il y a l’inexpérience et il n’y a pas la confiance mais, cas même la haine, l’absence d’un sens de partage, de ce qui est considéré comme commun à notre pays, le favoritisme, le népotisme, le tribalisme, l’exclusion, ça ! Il faut le déplorer. Il y a des choses qu’on peut expliquer, je veux parler de l’électricité, même de l’inflation, du prix du riz. Ils ont promis de donner du riz à vingt et un mille, c’est par inexpérience ou mauvaise fois. Peut importe ! Ce n’était pas possible. Le riz a un prix.

Aujourd’hui les Guinéens sont désespérés parce que ce qu’on attendait, on ne l’a pas eu. Et on voit que c’est la haine et l’exclusion qui semblent inspirer hélas Alpha Condé et son gouvernement.

Revenons à l’actualité politique nationale. Loucény Camara a été récemment porté à la tête de la commission électorale nationale indépendante(CENI). Votre analyse ?

Vous savez que par rapport aux élections législatives, c’est cela aussi la grande déception de la classe politique et du peuple de Guinée. Nous avons décidé de considérer qu’Alpha Condé est le vainqueur de l’élection présidentielle. Nous avons décidé de nous battre dans les élections législatives pour avoir un groupe de députés qui reflètent le poids politique de chaque parti. Nous voulons qu’il y ait des élections législatives équitables, libres et transparentes. Nous avons senti qu’alpha Condé ne veut pas là aussi vraiment respecter le code électoral et la constitution. Il veut organiser les conditions d’une fraude massive pour s’octroyer et la légitimé et la majorité à l’assemblée nationale.

La tentative de reprendre entièrement le recensement alors qu’il y a un fichier et que la loi dit que ce fichier est permanent, il fait l’objet de révision. La signature d’un protocole d’accord entre la CENI et le MATAP pour transférer les pouvoirs au MATAP alors que la CENI tient ses pouvoirs de la constitution de la République. L’invitation qu’il a faite aux préfets, aux gouverneurs de sortir de leur neutralité pour soutenir le parti présidentiel, la dissolution des conseils communautaires dont j’ai parlé tout à l’heure. Tout ça pour organiser une fraude. Nous avons dit que nous n’acceptons pas cela, nous avons, nous collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, nous avons rédigé un mémorandum où nous exprimions clairement nos préoccupations et demandions de régler un certain nombre de problèmes notamment la CENI. Il faut qu’il y ait confiance en la structure chargée d’organiser les élections pour que les résultats soient acceptés. Et ça c’est une source de conflits, la contestation des résultats ; Donc il faut créer toutes les conditions pour que les gens aient confiance en la structure, aux procédures et règles qui vont régir l’organisation des élections législatives.

J’ai déjà rappelé les actes qu’il a posés : transférer les prérogatives de la CENI au MATAP, d’éliminer tous les responsables communaux et communautaires qui ne lui seraient pas favorables, de demander aux préfets dont la neutralité est requise dans l’organisation des élections. Ça ne signifie pas qu’ils ne votent pas mais ils ne doivent pas faire campagne. La neutralité et l’impartialité de l’administration dans toutes élections équitables est de rigueur et jusqu’à présent, même s’il y a eu des dérapages par rapport à cela, la règle a été cela. On a dit que les préfets, les gouverneurs ne doivent pas faire campagne pour un parti ou pour un autre.

Donc aujourd’hui, nous nous avons des propositions par rapport à la CENI. Il faut que la CENI soit crédible. On a considéré comme un non événement la désignation de Loucény Camara. Louceny Camara est une personne contestée, non pas par l’opposition mais par nous tous au point que pendant la transition, on a dû « importer » comme on le dit un président de la CENI. Si on veut le consensus, il faut qu’on trouve une personne au dessus de tout soupçon pour diriger cette institution dans laquelle les pouvoirs du président de la CENI sont exorbitants. On ne peut pas prendre un militant avéré du RPG. Tout le monde l’a vu à la télévision la victoire du RPG ! On ne peut pas accepter cela et on l’a dit. Mais malgré l’ouverture au dialogue que semblait recommandé Alpha Condé, aujourd’hui, on constate que le gouvernement au nom du protocole d’accord signé avec la CENI, le gouvernement est en train d’avancer dans l’organisation du recensement. Ils ont fait importer les deux mille cinquante kits qui sont programmés pour le recensement. Ils ont recruté des gens pour faire le recensement, ils sont en train de les former, ils ont attribuer le marché de la révision tout seul sans les partis politiques à une société sud- africaine WAYMARK et à une société guinéenne SABARI technologie dont on connaît les dirigeants et même les propriétaires qui sont des gens du RPG. M. Tall était le représentant du RPG à la commission technique à la CENI. C’est pour lui SABARI Technologie. On leur confie la mission de procéder à la révision des listes sans associer les partis. Je dis si on n’a pas confiance, on ne va pas accepter, parce que ça c’est des sources de conflits et les partis politiques, les dix neuf, en tout cas du collectif ne manqueront pas d’organiser des manifestations publiques, meetings, marches dans la rue pour nous opposer. On ne va pas attendre que les résultats soient là pour les contester, on va faire en sorte que les conditions d’un scrutin équitable soient réunies pour que le suffrage des Guinéens soit respecté. Et là vous l’avez suivi aujourd’hui, je l’ai dit haut et fort, nous avons diffusé un communiqué le collectif invite ses militants et sympathisants ainsi que tous les démocrates guinéens à rester mobilisés pour s’opposer par tous les moyens légaux y compris la rue, les meetings, les manifestations publiques de sorte à s’opposer à la violation par l’Etat et la CENI des dispositions de la constitution et du code électoral.

Restons toujours avec les législatives dont on ne connaît d’ailleurs jusqu’ici pas la date. Une nouvelle alliance dénommée ADP dont Jean Marie Doré et Lansana Kouyaté sont les figures de proue a vu le jour récemment. Une alliance de trop ?

Oui je pense qu’ils auraient peut être pu s’associer à nous dans la mesure où ce que je sache, ils veulent que le code électoral soit respecté et qu’on organise dans notre pays des élections législatives équitables, libres et transparentes. Il faut rappeler que le collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition n’est pas une alliance politique. Par rapport aux législatives, il n’y a pas encore d’alliance. Nous sommes un groupe de partis qui a perçu la volonté du gouvernement de violer le code électoral, de transférer les compétences de la CENI au MATAP, de reprendre entièrement le recensement en tripatouillant le fichier électoral. Nous avons dit qu’il faut dire non et nous avons donc produit une première déclaration dans laquelle nous avons marqué notre opposition ferme à ces occasions. Donc on s’est constitué en collectif pour défendre le respect du code électoral et de la constitution.

La nouvelle alliance à laquelle vous faites allusion set d’accord avec nous sur ça. Je pense qu’on aurait pu être ensemble parce qu’à leur propre niveau je pense que les problèmes d’une alliance politique réelle, enfin, les conditions ne sont pas aussi réunies mais on devait tous se battre, tous les démocrates se battent ensemble pour imposer au gouvernement le respect de la constitution et du code électorale afin que nous puissions avoir droit à une élection législative, équitable, libre et transparente, parce qu’on a vu que la tendance à Alpha Condé, sa volonté c’est de ne pas organiser des élections équitables. C’est d’organiser un holdup up électoral, on ne l’acceptera pas.

Donc, s’ils sont d’accord avec nous on aurait dû être ensemble. Mais bref ! Ce n’est pas grave, ils ont dit qu’ils vont être au centre mais nous on n’est pas un extrême à un autre, nous sommes pour le respect du code électoral et de la constitution. Je pense que tous les démocrates, tous les républicains, soucieux aussi bien de la paix de l’instauration de la démocratie et de l’état de droit dans notre pays, ils pourraient se joindre à nous pour exiger ça du gouvernement.

Maintenant que vous êtes de retour au pays après un long moment d’absence quels seront les premiers pas que vous poserez ?

Les premiers pas, je viens me joindre à mes collègues du collectif pour la finalisation de la transition et exiger que le gouvernement respecte le code électoral et la constitution dans l’organisation des élections législatives. Nous voulons des élections législatives libres et transparentes. Nous déplorons aujourd’hui de constater que le gouvernement fait fi du mémorandum qu’on lui avait donné, parce que jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune réaction de sa part. Le ministre Alasshane Condé avait dit à la délégation du collectif qu’il contactera le président et qu’il allait nous faire signe. Aujourd’hui, Il y a bientôt quatre semaines qu’on n’a aucun retour et on constate qu’ils avancent dans la préparation des élections législatives. J’ai rappelé les faits qui sont posés, qui sont unilatéraux et qui sont souvent illégaux. Nous n’accepterons pas, on va s’organiser pour vraiment marquer cette opposition de manière ferme et irrévocable.

Le président Alpha Condé a sollicité la contribution de religieux pour l’aider dans cette tâche de réconciliation. Que pensez- vous de cette initiative ?

Je pense que la réconciliation doit se faire des actes. Vous ne pouvez pas constituer des commissions, faire des déclarations pour la réconciliation en évoquant les vertus de la réconciliation, la nécessité de la réconciliation, les avantages qu’on peut tirer de la réconciliation lorsque vous posez des actes qui divisent, des actes qui frustrent la grande majorité des Guinéens. Ces politiques, ces pratiques d’exclusion des autres qui ne sont pas de votre parti ou qui ne sont pas de votre ethnie, est-ce que cela conduit vers une réconciliation ? Il faut commencer d’abord à changer. Celui qui prend l’initiative de la réconciliation, de la mise en place d’une commission de réconciliation, on doit évaluer d’abord les actes qu’il pose, leur cohérence par rapport à cette volonté de réconcilier les Guinéens.

Je vous ai dit que nous sommes dans un pays qui a une expérience douloureuse de la gestion de l’Etat. Les Guinéens font beaucoup attention, ils sont vigilants. Aujourd’hui, vous voyez les actes qui passent, vous voyez les décrets qui sont pris, de nominations. C’est un patrimoine commun, l’administration guinéenne. Jusqu’à présent, même s’il y a des règles qui ne sont pas écrites, on veille à ce qu’il y ait un minimum. Mais c’est visible tout le monde voit ! Est-ce qu’on peut demander la réconciliation et être crédible lorsqu’on pose des actes de cette nature qui excluent des gens parce qu’ils appartiennent à un autre parti politique, parce qu’ils appartiennent à une autre ethnie qui n’est pas la votre, est-ce que c’est ça ?

Alors vous allez mettre mille commissions la réconciliation c’est dans le cœur, c’est l’espoir, c’est la confiance des citoyens. Et là, on ne l’achète pas ! Les gens examinent et s’assurent que leur dignité est respectée, que leur droit est respecté et que celui qui prône cette réconciliation a une certaine crédibilité. Le premier responsable du pays, le premier magistrat du pays a une responsabilité importante parce qu’il inspire le comportement non seulement de ses collaborateurs mais presque de toute l’administration. C’est cela en Afrique, le régime est présidentialiste mais les actes du chef sont regardés, analysés et les gens s’en inspirent. C’est pourquoi c’est une grande responsabilité d’être Président de la République.

On m’a posé la question tantôt quand j’étais candidat sur quoi vous comptez pour changer ? J’ai répondu que je changerai, je contribuerai au changement par l’exemple que je donnerai dans le respect de la loi, des règles, des procédures et dans l’assurance que je donnerai à chaque Guinéen que je suis le président de tous les Guinéens. Et que mes actes seront conformes à cette idée, à cet idéal et à cette valeur.

Et qu’est-ce que vous proposez aujourd’hui pour que le tissu social de notre pays soit totalement recousu ?

Je crois que c’est à la fois simple et compliqué. Il faut que ceux qui nous gouvernent changent, il faut qu’ils se comportent comme des dirigeants d’un pays, de tous les Guinéens. L’article 20 de la Constitution dénonce et condamne la discrimination dans l’emploi public. On ne peut pas exclure un citoyen d’une responsabilité, dans l’administration publique parce qu’il appartient à un autre parti, à une autre ethnie. Ça ! Ce n’est pas de nature à rassurer, à réconcilier. Donc je pense que la commission peut être une bonne chose, si les gens sont au dessus de tout soupçon, s’ils ont la crédibilité nécessaire mais ça ne suffira pas. Il faut savoir où est l’origine du mal, où est l’origine de la frustration ? Aujourd’hui ce n’est pas le militant de l’UFDG seulement qui est frustré, il y en a assez. Interrogez les dans la rue parce que les gens observent, ils sont habitués au minimum de respects de règles non écrites dans le partage de biens communs.

Le pouvoir ici c’est une mission, c’est du travail mais c’est perçu aussi comme un avantage. Nommer quelqu’un préfet, ministre, directeur général, c’est perçu. La perception compte. Lorsque vous ne répartissez pas équitablement, vous êtes suspects et lorsque vous êtes suspects, on n’a pas confiance, on n’a pas la paix du cœur. On a des doutes, ça ne peut pas favoriser l’entente, la fraternité, la cohésion sociale dont le pays a besoin pour avancer.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le chef de l’Etat, le président Alpha Condé ?

Nous n’avons pas de rapports particuliers. Il est président, je suis opposant. Bon ! Il y a eu cette initiative qu’il a prise de m’inviter à une rencontre pour des raisons que je vous ai indiquées je ne pouvais pas répondre séance tenante, j’ai demandé à ce qu’on me donne le temps et bien entendu, j’ai consulté ma base et elle me laisse le soin d’apprécier l’opportunité, le timing de la rencontre si elle doit avoir lieu. Ils m’investissent, ils me donnent le mandat, ils me font confiance, que je décide en fonction des intérêts de la Guinée et du parti.

A quand donc cette fatidique rencontre ?

Ça dépendra de nous deux (NDLR : lui et le président de la République).

D’accord ! Si jamais cette rencontre avait lieu et que le président Alpha Condé vous proposait comme ça le poste de Premier Ministre, est-ce que vous accepterez l’offre ?

Je ne me bats pas en politique. J’ai occupé tous les postes sauf celui de président de la République. J’ai décidé de faire la politique pour contribuer à l’instauration d’une démocratie véritable, pour contribuer à assurer la sécurité et le respect de la dignité de chaque Guinéen. Je ne cherche pas un portefeuille ministériel, s’il y a un accord pour mener des politiques conformes à mes valeurs, recoudre le tissu social, promouvoir la fraternité véritable entre les Guinéens, respecter les lois et la Constitution de la République, saisir les opportunités qui s’offrent à la Guinée pour promouvoir un développement pour tous, garantir l’indépendance de la justice, l’UFDG pourrait accepter sur la base d’engagements précis quant aux politiques à mener au lieu de participer à ce combat.

Les gens ne sont pas seulement à l’UFDG pour que moi je sois président mais pour contribuer à l’instauration de la justice, contribuer au bien être de la population, contribuer à la sécurité des Guinéens, au respect de leur dignité et tout en tenant bien entendu la balance égale entre toutes les ethnies et les régions. Faire prévaloir le mérite et inventer des politiques spécifiques pour aider les plus vulnérables, ceux qui n’auront pas suivre, puissent suivre naturellement le train de développement. Voilà ce que je puis dire à ce stade.

Les Guinéens aimeraient savoir à quand remonte votre dernier contact avec le président Alpha Condé, téléphonique ou physique ?

La dernière fois que j’ai parlé au professeur, c’était à l’occasion du décès de son frère. C’était à mon initiative. Je l’ai appelé pour lui adresser mes condoléances, je connaissais bien son frère Malick. C’est la dernière fois qu’on a parlé, c’est la seule fois qu’on s’est parlé depuis son installation au pouvoir.

Là, c’était quand ?

(Il cherche). C’était quelques jours avant son investiture.

Nous sommes pratiquement à la fin de cette interview, mais bien avant une question. Toutes les personnes qui sont surtout à l’étranger, pour s’informer vont directement sur le site de Guinéenews©. Et maintenant, nous avons une télévision en ligne. Qu’est-ce que vous pensez de notre journal Guinéenews© ?

Je vous félicite pour votre contribution à l’organisation du débat, si vous êtes considérés comme l’un des sites les plus consultés, c’est grâce à votre effort, certainement dans l’objectivité, dans la collecte et l’analyse des informations. Donc, Je tiens à vous féliciter, à vous encourager à continuer dans le respect de la déontologie, de l’éthique d’une rédaction qui soit digne de la Guinée dans un contexte particulièrement difficile où la neutralité et l’objectivité ne sont pas toujours légions dans les rédactions aussi bien que sur les sites que dans notre presse de façon générale.

Quelle est la fréquence de fréquentation de Guinéenews© par vous ? De façon hebdomadaire ou quotidienne… ?

Non je vous consulte régulièrement hein ! Lorsque je vais sur Internet, je consulte régulièrement Guinéenews©. Peut-être que je ne vais porter ombrage aux autres, mais je consulte régulièrement Guinéenews©.

Ok ! Merci pour ces compliments. Nous sommes déjà à la fin de cette interview, est-ce qu’il y a quelque chose que vous auriez bien voulu dire au cours de cet entretien qu’on n’a pas évoqué ? Disons le mot de la fin.

C’est bon ! On va se contenter de ça pour aujourd’hui.

El hadj Cellou Dalein Diallo, merci !

Merci. Merci à vous aussi et bon courage !

Interview réalisée par Serge Lamah
Source-Guineenews









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